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Naissance | Rabat |
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Nationalité |
française |
Formation |
École normale supérieure Lycée Louis-le-Grand |
Activités |
Philosophe, professeur d'université, écrivain, mathématicien, éditeur, romancier, dramaturge, scientifique |
Période d'activité | |
Père |
Raymond Badiou |
A travaillé pour |
École normale supérieure (depuis ) Université Paris-VIII (- European Graduate School Université de Reims-Champagne-Ardenne |
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Domaine |
ontologie, politique, esthétique, théâtre, musique, poésie, marxisme, psychanalyse |
Partis politiques |
Parti socialiste unifié Union des communistes de France marxiste-léniniste |
Membre de |
Organisation politique (d) |
Mouvement |
philosophie postmoderne, métaphysique |
Influencé par |
Platon, Hegel, Marx, Mallarmé, Cantor, Wittgenstein, Mao, Sartre, Lacan, Althusser, Deleuze |
Site web | |
Distinction |
Grand prix SGDL de la non-fiction () |
Alain Badiou, né le à Rabat (Maroc), est un philosophe, romancier et dramaturge français d'inspiration marxiste.
Professeur émérite à l'École normale supérieure, il est cofondateur du Centre international d'étude de la philosophie française contemporaine. Il a publié plus d'une centaine de livres traduits à travers le monde (dont L'Être et l'Événement) et collaboré avec de nombreuses personnalités des milieux artistiques et philosophiques.
Il est connu pour ses prises de paroles : jusqu'en 1980, pour sa défense de l'idéologie et des régimes communistes et maoïstes, via ses responsabilités au sein de l'Union des communistes de France marxiste-léniniste ; puis pour ses prises de position en faveur des étrangers en situation irrégulière.
Alain Badiou naît en 1937, à Rabat, au Maroc. Son père, Raymond Badiou, ancien élève de l'École normale supérieure, agrégé de mathématiques, résistant et membre de la SFIO, fut enseignant en classes préparatoires au lycée Pierre-de-Fermat de Toulouse, en France, puis maire de Toulouse de 1944 à 1958, avant de démissionner et de rejoindre le Parti socialiste unifié (PSU), à la création duquel il participa, après le ralliement de son parti d'origine au général de Gaulle.
Sa mère est également normalienne. Agrégée de lettres, elle enseigne dans le secondaire.
Alain Badiou est successivement élève au lycée Bellevue, puis au lycée Pierre-de-Fermat de Toulouse. En 1956, après des études en khâgne au lycée parisien Louis-le-Grand, il entre à l'École normale supérieure.
Ancien élève de l'École normale supérieure (promotion 1956 en lettres) et major de l'agrégation de philosophie (1960), Alain Badiou enseigne d'abord en lycée, puis à la faculté des lettres de Reims (collège littéraire universitaire).
Militant à la SFIO puis au Parti socialiste unifié (PSU), dirigé alors par Michel Rocard, il participe, avec Emmanuel Terray, à un groupe de réflexion se réclamant du marxisme-léninisme et dénonçant ce qu'il appelle « l'opportunisme de droite » de divers courants au sein du parti. Il rejoint à Normale le « groupe Spinoza », constitué en 1967 par Louis Althusser, puis prend part, en 1969, à la création de l'Union des communistes de France marxiste-léniniste (UCFml), groupe maoïste dont il est un des principaux dirigeants jusqu'au début des années 1980.
Dès sa création, il intègre l'équipe du Centre universitaire expérimental de Vincennes (1968-1969). Il contribue au développement de cette université (désormais Paris-VIII, déplacée de Vincennes à Saint-Denis) durant une trentaine d'années. À Vincennes, Gilles Deleuze raille son concept philosophique décrit comme « bolchévisme » par ses adversaires, tandis que Badiou reste plutôt du côté de Jacques Lacan, accusé par Deleuze et Jean-François Lyotard de stalinisme. De son côté, en 1977, Badiou accuse Deleuze et Félix Guattari d'être des « idéologues préfascistes », dans La Situation actuelle sur le front de la philosophie (1977). Badiou et Deleuze entretinrent plus tard une importante correspondance philosophique qui ne fut pas publiée sur demande expresse de Deleuze, et qui donna naissance à un essai de Badiou sur ce dernier. Dans son livre, Pourparlers, Deleuze évoque l'apport de la pensée de Badiou dans la philosophie contemporaine et son effort de repenser le lien entre individu et universalité.
Promu en 1999, professeur à l'université de Vincennes, il devient la même année professeur à l'École normale supérieure de la rue d'Ulm, puis, en 2005, professeur émérite dans cette institution. Il a également été directeur de programme au Collège international de philosophie.
Très influencé par Louis Althusser dans ses premiers travaux épistémologiques, il fait appel à la logique mathématique, seule capable, selon lui, de déployer l'ontologie.
Outre son activité de philosophe, Badiou est romancier et dramaturge, ce qui l'amène à travailler avec des metteurs en scène comme Antoine Vitez ou Christian Schiaretti. Parallèlement, il effectue un travail d'éditeur auquel l'a initié son ami François Wahl : il a longtemps codirigé avec Barbara Cassin la collection « L'ordre philosophique » aux éditions du Seuil. Après avoir quitté le Seuil à la suite d'un conflit de politique éditoriale, Cassin et Badiou poursuivent leur collection philosophique, désormais intitulée « Ouvertures », chez Fayard, où il publie en 2016 un court essai sur les attentats du , Notre mal vient de plus loin.
Parmi ses autres responsabilités, Badiou anime « Les Conférences du perroquet » et participe, en tant que membre perpétuel, à l'Académie de philosophie du Brésil.
Fin 2013, le metteur en scène Grégoire Ingold adapte La République de Platon pour la scène, au théâtre Nanterre-Amandiers. Lors du Festival d'Avignon 2015, son directeur, Olivier Py, propose dans la programmation La République de Platon d'Alain Badiou, mise en scène par Valérie Dréville, Didier Galas et Grégoire Ingold. Avec l'École régionale d'acteurs de Cannes et des citoyens. Il s'agit de lectures quotidiennes qui ont lieu dans les jardins de la médiathèque Ceccano et qui compte comme un succès populaire et singulier de ce 69 festival. Il est arrivé à Badiou de jouer comme acteur dans ses pièces.
Alain Badiou est le père adoptif d'un garçon noir. Lors des émeutes de 2005 dans les banlieues françaises, il a publié un texte dans le journal Le Monde pour dénoncer les nombreux contrôles policiers et arrestations dont son fils, alors âgé de 16 ans, fait l'objet sans qu'il soit coupable de quoi que ce soit, simplement à cause de la couleur de sa peau. En 2020, il lui consacre un livre,Tombeau d'Olivier, à la suite de sa mort dans un accident de montagne.
Alain Badiou participe à de nombreux colloques et débats. Il intervient également dans des collèges, lycées et universités notamment après la publication de son livre La Vraie Vie comme au lycée Henri-IV ou à l'École nationale des beaux-arts. Pour ce livre, il accorde un double entretien à Mouloud Achour pour l'émission Clique.
Depuis le début de l'année 2015 et en collaboration avec la journaliste Aude Lancelin ? collaboratrice régulière du philosophe ?, Alain Badiou coanime sur le média en ligne Médiapart une émission mensuelle d'une heure sous forme d'un débat à trois entre Lancelin, Badiou et un invité convié suivant l'actualité sociale, intellectuelle, éditoriale, etc. Se sont succédé des figures aussi différentes que Jacques Rancière, Michel Onfray, Aurélien Bernier ou encore le responsable du mouvement politique espagnol Podemos Jorge Lago.
Dans la préface de son recueil Que pense le poème ? (2016), Badiou situe la philosophie, discours qu'il qualifie de « bâtard », entre l'idéal du formalisme intégral des mathématiques et l'incantation poétique. Ainsi, « lire et commenter les poètes [?] est un exercice de vigilance, de garantie » pour mettre à l'épreuve son ontologie mathématique.
Dans l'article intitulé « Que pense le poème ? », Badiou définit le poème comme « une chose de langue, qu'on rencontre à chaque fois comme un événement », donc qui ne peut être rabattu sur aucune préoccupation utilitaire ou médiatique. Le poème moderne est habité d'un silence central dont la visée est d'affirmer l'être et non de posséder ou de construire une connaissance. Ses principaux opérateurs sont la soustraction (Mallarmé) et la dissémination (Rimbaud). Badiou interprète alors le procès de Platon contre la poésie comme la réaction face au fait que le poème ruine la discursivité (dianoia en grec) propre au discours philosophique.
Dans ses travaux de philosophie, comme L'Être et l'Événement (1988) , suivi en 2006 de Logiques des mondes, L'Être et l'Événement 2 , Alain Badiou soutient la thèse que l'ontologie (théorie de l'être) est identique aux mathématiques et, plus spécifiquement, à la théorie des ensembles, et que la phénoménologie (étude des degrés de l'apparaître et de l'événement) est indistinguable de la logique, qu'il associe à la théorie des topos. Une des thèses qui émergent de ces textes est que, du point de vue de l'être, rien n'appartient à soi (conséquence supposée de l'axiome de fondation) et que l'événement n'est possible que s'il y a précisément une telle autoappartenance. En conséquence, l'événement n'est pas. On doit également mentionner son concept de « matérialisme démocratique » (il n'y a que des corps et des langages), opposé à celui de « dialectique matérialiste » (il n'y a que des corps et des langages, sinon qu'il y a des vérités), son appréhension de l'être, comme multiple et non comme un, sa théorie lacanienne du sujet, son exploitation du forcing de Paul Cohen dans une conception de la vérité, les quatre ancrages de sa théorie : l'amour, l'art, la politique et la science.
Ces deux textes élaborent un système métaphysique de type à la fois traditionnel, par son caractère englobant et synthétique, et nouveau, par son intégration de théories mathématiques contemporaines, comme les constructibles de Gödel, le « forcing » de Cohen, la logique interne des topos, etc. Il participe ainsi au renouveau de la métaphysique, auquel on assiste, par ailleurs, dans le monde de la philosophie analytique.
Ces tentatives d'intégration de théories mathématiques ont été dénoncées comme relevant soit de l'imposture intellectuelle, soit de l'incompétence, tant par des philosophes, que des mathématiciens.
« Les vérités ne sont pas d'ordre philosophique. Les vérités existent dans des champs qui sont non philosophiques. Il y a des vérités scientifiques, [.] artistiques, amoureuses, politiques ». « Le propre de la philosophie c'est de faire concept, dans les conditions "époquales" qui sont les siennes, de ce que c'est qu'une vérité. [Pour faire philosophie, il s'agit de] rassembler le système général des vérités d'une époque de telle sorte que l'on puisse proposer un concept de la vérité à peu près adéquat à ces expériences ». « La philosophie ne pourrait pas exister s'il n'y avait pas de sciences, d'arts, etc. alors que la science et les arts peuvent exister sans la philosophie ».
En plus d'Olivier, il est également le père de deux garçons, Simon et André, et d'une fille, Claude Ariane.