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Naissance | Nancy |
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Nom de naissance |
Virginie Daget |
Pseudonyme |
Virginie Despentes |
Nationalité |
française |
Activité |
écrivaine, réalisatrice |
Période d'activité |
Depuis |
Membre de |
Collectif 50/50 |
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Genre artistique |
Roman, Essai, Autobiographie, Nouvelles |
Distinction |
Prix de Flore 1998 Prix Saint-Valentin 1999 Prix Renaudot 2010 Prix La Coupole 2015 Prix de la BnF 2019 |
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Virginie Despentes, nom de plume de Virginie Daget, née le à Nancy, est une écrivaine et réalisatrice française, occasionnellement traductrice et parolière.
Elle a été révélée par son roman Baise-moi (1994), dont elle a ensuite coréalisé l'adaptation cinématographique (2000). Son plus grand succès à ce jour est la trilogie Vernon Subutex publiée entre 2015 et 2017 et qui a été adaptée en série télévisée et en bande dessinée. Elle est également connue pour son ?uvre féministe.
Elle est membre de l'académie Goncourt du au 6 janvier 2020, jour de sa démission.
À sa naissance, ses parents, postiers engagés dans le syndicat CGT, ont vingt et dix-neuf ans. Elle participe avec eux à des manifestations, et à deux ans chante L'Internationale. Sa mère militante féministe est engagée au planning familial où elle s'occupe de la contraception et de l'avortement. Son vrai nom est Virginie Daget. Elle prend le pseudonyme de Virginie Despentes à vingt-cinq ans, en référence aux Pentes de la Croix-Rousse, quartier de Lyon où elle s'est installée pour faire ses études.
Sa mère lui achète les Fantômette de la Bibliothèque rose, mais ce sont les subversifs Reiser et Wolinski qu'elle aime lire en cachette. À l'école primaire elle exaspère ses maîtres par des bagarres incessantes avec les garçons, qu'elle dépasse tous en taille. En grandissant, c'est Marilyn Monroe, image de la fragilité féminine, qu'elle se choisit comme idole. Mais elle la reniera à l'adolescence.
À quinze ans, elle est internée contre son gré en hôpital psychiatrique pendant un peu plus de deux mois. La psychothérapie, en dépit de la sollicitude bienveillante ressentie par la patiente, se heurte au sentiment d'être confrontée à une certaine violence institutionnelle et reste un échec que suivent une déscolarisation et une errance à travers les préfectures de France, au cours de laquelle l'adolescente est arrêtée de très nombreuses fois par la police.
À dix-sept ans, en faisant de l'auto-stop au retour d'un voyage à Londres, elle est victime d'un viol, qui fera en 2006 la matière d'un chapitre de son ouvrage King Kong Théorie. Face à ce traumatisme elle s'installe dans le déni. Cet épisode douloureux constituera le ressort du personnage de Manu dans son premier roman, Baise-moi. Vingt ans plus tard, elle déclarera que ce viol « [?] [était] fondateur, de ce que je suis en tant qu'écrivain, en tant que femme qui n'en est plus tout à fait une. C'est à la fois ce qui me défigure et me constitue ».
Tout en travaillant comme femme de ménage à Longwy, elle passe son baccalauréat en candidate libre, et n'a pas encore dix huit ans quand elle s'inscrit à Lyon dans une école de cinéma, qui deviendra deux ans plus tard l'ARFIS.
Hébergée dans un foyer de la Croix-Rousse mais seule, elle sombre dans un alcoolisme à la bière tout en s'enivrant de la lecture de Bukowski. Elle multiplie les petits emplois : baby-sitter, superviseuse pour un réseau Minitel, employée chez Auchan, vendeuse chez un disquaire, puis pigiste pour des journaux de rock. Adepte du groupe de rock alternatif Bérurier noir, elle en fréquente le milieu, celui des punks et des autonomes.
En 1992 elle souffre d'un grave eczéma généralisé et se réfugie dans la maison que ses parents lui abandonnent pour les vacances. En un mois elle y écrit le roman Baise-moi. À l'automne la jeune femme rejoint un squat parisien et mène une vie de chef de bande, de manifestations et de violence. Son manuscrit circule sous forme de copies dans le milieu post-punk mais il sera refusé par neuf maisons d'édition et même par ceux des libraires qui proposent des ouvrages en dépôt.
En 1993 elle travaille à Paris comme critique de films pornographiques pour un magazine spécialisé. À l'occasion, pour vivre, elle continue de se prostituer.
En 1994, elle est vendeuse au rayon librairie du Virgin Megastore des Champs-Élysées. Elle a perdu son propre manuscrit de Baise-moi et renoncé à sa carrière littéraire lorsqu'un ami, à son insu, en présente une copie à Florent Massot, un éditeur de rares albums qui témoignent de la contre-culture des banlieues.
Celui-ci prend le risque de publier pour la première fois le roman, à mille, puis deux mille exemplaires. La diffusion ne dépasse pas dans un premier temps le réseau underground du rock alternatif, des fanzines, des squats.
Elle ne se décourage pas et, désormais attachée à sa condition de salariée, reste résolue à changer de vie. Pour effacer son passé compromettant, elle choisit un nom de plume : Virginie Despentes. Celui-ci fait « référence au quartier « des pentes » de la Croix-Rousse, à Lyon », où elle a vécu sa vie de prostituée occasionnelle. Elle adresse son livre à dix personnes choisies.
Au cours d'une intimité de trois jours dans une chambre d'hôtel de Belleville, elle le présente à une de ses idoles, Patrick Eudeline. La chronique qu'en tire le rocker, incrédule, choqué et fasciné, parvient à Thierry Ardisson, qui en fait la promotion dans sa nouvelle émission Paris Dernière diffusée sur la chaîne du câble Paris Première.
En 1995 elle rencontre Ann Scott, autre aspirante écrivaine qui n'est pas encore publiée et qui emménage chez elle. Les deux jeunes femmes se soutiennent mutuellement dans leurs ambitions littéraires. Elles fréquentent la discothèque Le Pulp ? dont la disc jockey, Sextoy, a alors une liaison avec Ann Scott ? et son milieu lesbien et transgenre.
Les ventes montent à quarante mille exemplaires. Le journaliste Laurent Chalumeau fait la promo du livre dans l'émission Nulle part ailleurs de Canal+, première chaîne de télévision française à diffuser régulièrement des films pornographiques. Baise-moi devient un « phénomène branché du samedi soir ». Les ventes passeront à plusieurs centaines de milliers d'exemplaires.
Au succès et à une critique gênée, qui tantôt fait d'elle « une victime des bas-fonds que la réussite va sauver de la drogue et de la prostitution », tantôt jette un voile pudique sur son passé, Virginie Despentes, provocatrice, répond sans fard, « avec autant de plaisir que j'avais eu à le faire », qu'elle a été pute.
En 1996, Florent Massot publie son deuxième roman. Les Chiennes savantes est, sous la forme d'un roman policier, un portrait noir d'une certaine condition féminine de la France postmoderne, antithèse des « femmes savantes ». Quand la faillite de Florent Massot engloutit la fortune accumulée par Baise-moi, elle est approchée par les éditions Grasset.
Elle y publie en 1998 son troisième roman. Les Jolies Choses, « remake grunge des Illusions perdues », écrit « en trois-quatre jours sous coke », reçoit le prix de Flore 1998 et le prix littéraire Saint-Valentin 1999. Son adaptation cinématographique réalisée par Gilles Paquet-Brenner, Marion Cotillard et Stomy Bugsy jouant les rôles principaux, recevra en 2001 le prix Michel-d'Ornano lors du festival de Deauville.
En 1999, Librio publie Mordre au travers, un recueil de nouvelles subversives, pour la plupart inédites. La quatrième de couverture avertit que l'« ouvrage contient des passages susceptibles de heurter la sensibilité de certains lecteurs ». En 1997, Despentes avait déjà publié une nouvelle, C'est dehors, c'est la nuit, dans un recueil collectif intitulé Dix, édité sous la direction du magazine Les Inrockuptibles.
À l'âge de 30 ans, elle arrête de boire.
Virginie Despentes porte depuis des années le projet d'adapter son roman Baise-moi à l'écran. Elle envisage initialement de réaliser un film sans scènes de sexe, mais en confiant les rôles principaux à des hardeuses.
Son projet, jugé très édulcoré, ne convainc initialement pas les producteurs mais elle finit par obtenir l'accord de Philippe Godeau, fondateur de la société Pan-Européenne formé chez Gaumont, en lui proposant un film tourné caméra à l'épaule, comme dans les films pornographiques, où les scènes de sexe du roman ne seront pas autocensurées ni simulées. Pour l'aider dans la réalisation, l'ancienne élève de l'école cinématographique de Lyon fait appel à Coralie Trinh Thi, actrice pornographique de vingt-cinq ans qui a reçu le Hot d'or 1996 et a la singularité d'« oser prendre son pied sur un tournage et oser le dire ». Les rôles principaux sont confiés à Karen Lancaume et Raffaëla Anderson.
Le film sort dans soixante salles françaises en . La critique cinématographique est scandalisée par l'outrance du propos, lequel paraissait acceptable tant qu'il n'était pas mis en images. Les associations féministes, les milieux catholiques conservateurs, les militants d'extrême droite, relayés par une tribune du Nouvel Observateur intitulée « Sexe, violence, le droit d'interdire », obtiennent après trois jours d'exploitation l'interdiction immédiate.
Par une interprétation ad hoc, qui reconnaît aux auteurs du film leur intention de dénoncer la violence subie par les femmes mais constate la lecture pornographique qui en est faite par le spectateur, le Conseil d'État annule le visa d'exploitation. Cette « jurisprudence Baise-moi » rétablit la censure pour les « moins de dix-huit ans », restée inutilisée depuis 1981, quand les films pornographiques n'ont plus été interdits qu'aux moins de seize ans, soit un an de plus que l'âge de la majorité sexuelle. L'arrêt soulève une ample polémique mais restera en vigueur et sera utilisé quinze fois.
Après avoir vécu avec le journaliste Philippe Man?uvre, rédacteur en chef de Rock & Folk, Virginie Despentes est, comme elle le déclarera en forme de coming out, « devenue lesbienne à 35 ans ».
Elle devient la compagne de Paul B. Preciado (avant sa transition), philosophe queer étudiant le genre. Leur relation dure dix ans, jusqu'en 2014.
En 2006 paraît King Kong Théorie, livre par lequel elle aborde le genre proprement autobiographique, mais sous la forme d'un essai. L'?uvre est présentée comme un « manifeste pour un nouveau féminisme », qui influence de nombreuses féministes (blogueuses, podcasteuses, militantes) des générations suivantes.
Après un silence relatif de trois années passées à Barcelone auprès de Preciado, Virginie Despentes prend un appartement en lisière du parc des Buttes-Chaumont et revient au premier plan de la scène littéraire française en produisant une suite d'?uvres qui, à travers la peinture d'un « malaise de la société », ne cessent de déranger.
En 2009 elle réalise son premier documentaire, Mutantes (Féminisme Porno Punk), diffusé sur Pink TV et édité l'année suivante en DVD chez Blaq Out. Elle écrit également une nouvelle sur l'érotisme féminin pour le magazine Psychologies.
2010 marque son retour au roman : elle publie Apocalypse Bébé, toujours chez Grasset. Le roman reçoit le prix Trop Virilo le et le prix Renaudot le . Le Diable Vauvert édite aussi une nouvelle traduction établie par Virginie Despentes : Déséquilibres synthétiques, de l'anglais Will Work for Drugs de Lydia Lunch. La même année Cécile Backès et Salima Boutebal proposent une adaptation théâtrale de King Kong Théorie durant le « Off » du Festival d'Avignon.
Elle réalise l'adaptation cinématographique de Bye Bye Blondie avec Béatrice Dalle et Emmanuelle Béart, qui sort en . Le roman est aussi adapté pour la radio en 2021.
En 2015 Virginie Despentes entame la publication de la série Vernon Subutex, composée de trois volumes qui paraissent en (Vernon Subutex, 1), (Vernon Subutex, 2) et (Vernon Subutex, 3).
Elle écrit dans Les Inrockuptibles le , dix jours après le massacre à Charlie Hebdo.
Le , elle devient membre du jury du prix Femina et, le , est élue à l'académie Goncourt.
Le elle est parmi les signataires de l'Appel des 58 : « Nous manifesterons pendant l'état d'urgence ».
Le elle reçoit le prix de la BnF pour l'ensemble de son ?uvre.
Le elle démissionne de l'académie Goncourt afin de pouvoir davantage se consacrer à l'écriture.
Après la cérémonie des César 2020 marquée par le départ d'Adèle Haenel, Virginie Despentes signe le 1 mars une tribune de soutien à l'actrice dans Libération. Ce texte, reprenant le geste d'Adèle Haenel (« C'est terminé. On se lève. On se casse. On gueule. On vous emmerde. »), connaît un grand retentissement et est partagé des dizaines de milliers de fois sur les réseaux sociaux.
Le France Inter publie une « Lettre adressée à mes amis blancs qui ne voient pas où est le problème? », dans laquelle Virginie Despentes dénonce le déni du racisme et explique pourquoi elle considère qu'être blanc est un privilège. Elle écrit notamment :
« En France, nous ne sommes pas racistes mais je ne me souviens pas avoir jamais vu un homme noir ministre. Pourtant j'ai 50 ans, j'en ai vu, des gouvernements. En France, nous ne sommes pas racistes mais dans la population carcérale les Noirs et les Arabes sont surreprésentés. »
Elle évoque également les « contrôles au faciès », le « manque de diversité » dans les médias, ou encore les inégalités observées pendant le confinement et la crise du Covid-19. Elle apporte aussi son soutien au rassemblement contre les « violences policières », organisé par le collectif La Vérité pour Adama. Elle salue Assa Traoré, la s?ur d'Adama Traoré, décédé en 2016 après son interpellation, et la décrit comme une Antigone moderne.
Elle est membre du Collectif 50/50, qui a pour but de promouvoir l'égalité des femmes et des hommes et la diversité dans le cinéma et l'audiovisuel.
En la romancière signe la préface de la biographie du groupe de rock Les Thugs, qu'elle a plusieurs fois cité dans ses livres.
En 2022 elle lance une maison d'édition appelée La légende éditions, qui vise à publier des ouvrages féministes. Deux ans plus tard, cependant, le projet semble au point mort, la maison n'ayant encore ni publié ni ouvert de site internet.
Le 17 août 2022 est paru chez Grasset son roman épistolaire, intitulé Cher Connard.
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