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Denis Diderot
Diderot par Louis-Michel van Loo en 1767
(musée du Louvre).
Biographie
Naissance
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Langres (Champagne, royaume de France)Voir et modifier les données sur Wikidata
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 70 ans)
Paris (royaume de France)Voir et modifier les données sur Wikidata
Sépulture
Église Saint-Roch de ParisVoir et modifier les données sur Wikidata
Formation
Université de Paris (maîtrise ès arts) (jusqu'en )
Lycée Saint-Louis
Lycée Louis-le-GrandVoir et modifier les données sur Wikidata
Activité
Encyclopédiste, philosophe, écrivain, romancier, dramaturge, conteur, essayiste, critique d'art, critique littéraire, traducteur
Père
Didier DiderotVoir et modifier les données sur Wikidata
Conjoint
Anne-Antoinette Champion (de 1743 à 1784)
Enfant
Marie-Angélique DiderotVoir et modifier les données sur Wikidata
Autres informations
Membre de
Académie royale des sciences de Prusse
Académie des sciences de Russie
Académie des sciences de Saint-PétersbourgVoir et modifier les données sur Wikidata
Mouvements
Encyclopédiste, matérialisme, LumièresVoir et modifier les données sur Wikidata
Partenaire
Jean Le Rond d'AlembertVoir et modifier les données sur Wikidata
Genre artistique
Encyclopédie, philosophie, roman, théâtre, conte, essai, dialogue, critique d'art, critique littéraire, traduction
Influencé par
Aristote, Baruch Spinoza, VoltaireVoir et modifier les données sur Wikidata
Site web
?uvres principales
  • Romans :
    • Les Bijoux indiscrets (1748)
    • La Religieuse (1780)
    • Jacques le Fataliste (1765-1784)
  • Contes :
    • Madame de La Carlière (1772)
    • Ceci n'est pas un conte (1772)
    • Supplément au Voyage de Bougainville (1772)
  • Dialogues philosophiques :
    • Le Neveu de Rameau (1762-1773)
    • Le Rêve de D'Alembert (1769)
  • L'Encyclopédie (1751-1772)
signature de Denis Diderot
Signature

Denis Diderot, né le à Langres et mort le à Paris, est un écrivain, philosophe et encyclopédiste français des Lumières, à la fois romancier, dramaturge, conteur, essayiste, critique d'art, critique littéraire et traducteur.

Qualifié de « Prométhée des Lumières », Diderot était doté d'une curiosité inlassable, d'une extrême sensibilité et d'une mémoire prodigieuse, si bien que son érudition couvrait un vaste éventail de domaines, allant des mathématiques à la chimie, en passant par l'histoire ancienne. Non content d'intervenir avec pertinence et de manière féconde sur des questions de biologie, d'économie, de physique, d'éducation et de politique, il a aussi laissé son empreinte dans l'histoire des divers genres littéraires auxquels il s'est essayé. Au théâtre, il pose les bases du drame bourgeois et recommande à l'acteur de s'adresser à un quatrième mur dans Paradoxe sur le comédien. Il révolutionne le roman avec Jacques le Fataliste et son maître, et le conte avec Le Rêve de d'Alembert. Il développe le genre de la critique d'art à travers ses Salons. Surtout, il est durant vingt ans la cheville ouvrière d'un des ouvrages les plus marquants de son siècle, la célèbre Encyclopédie, grâce à laquelle il est en contact avec les recherches scientifiques les plus récentes et pour laquelle il a rédigé quelque 5 000 articles, en partie de façon clandestine, expliquant notamment les grandes religions et les techniques artisanales tout en dénonçant les croyances erronées auxquelles il applique des principes de méthodologie historique.

Surnommé « le philosophe » par ses contemporains, il professe un matérialisme à fondement scientifique ? ce qui lui vaudra plus de trois mois de prison ? et montre les rapports entre les sens et les idées, même les plus purement intellectuelles. Sans cesse en lutte contre le dogmatisme religieux et l'intolérance, il est un des principaux représentants du mouvement des Lumières avec Voltaire et son ami Rousseau ? avec qui il aura une rupture déchirante. Invité à Saint-Pétersbourg par l'impératrice de Russie Catherine II, il tentera en vain de la convaincre d'adopter un système de gouvernement démocratique. Profondément épris de justice et de liberté, il donne un fondement philosophique à la révolution et dresse un réquisitoire sans appel contre le colonialisme et la pratique de l'esclavage.

Même s'il a beaucoup contribué par ses écrits à la chute de l'Ancien Régime, il a été rejeté par la Révolution française en raison de son athéisme. Cet écrivain qui disait écrire pour les générations futures devra attendre la fin du XIX siècle pour que son ?uvre soit redécouverte. Certains de ses textes sont restés inédits jusqu'au XXI siècle.

Biographie

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Jeunesse (1713-1728)

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La famille de Diderot était installée depuis plusieurs générations à Langres, petite ville de quelque 8 000 habitants en Champagne, à 240 km à l'est de Paris. Son grand-père Denis Diderot (1654-1726), coutelier et fils de coutelier, avait épousé en 1679 Nicole Beligné (1655-1692), issue de la célèbre maison de coutellerie Beligné.

Sa mère Angélique Vigneron (1677-1748) était la fille d'un maître tanneur. Son père Didier Diderot (1685-1759), maître coutelier, était réputé pour ses instruments chirurgicaux, scalpels et lancettes, dont il avait perfectionné la forme. Il était respecté pour son jugement et sa probité.

Mariés en 1712, ses parents eurent neuf enfants dont quatre seulement atteignirent l'âge adulte : deux garçons et deux filles. Denis naît à Langres, le , peu après la mort du premier enfant. Il est baptisé le lendemain en l'église Saint-Pierre-Saint-Paul de Langres.

Malgré les tensions que Denis aura avec son père à l'âge adulte, ce dernier lui a transmis ses préoccupations morales et un intérêt pour la technique qui l'aidera dans sa rédaction de l'Encyclopédie.

Portrait supposé de Didier Diderot, maître coutelier de Langres (artiste inconnu), musée d'art et d'histoire de Langres

Diderot était l'aîné de la fratrie. Sa s?ur Angélique (1720-1749), est entrée chez les Ursulines à l'âge de 19 ans et est devenue folle en 1748, avant de mourir un an plus tard. Son histoire inspira en partie La Religieuse. Son frère cadet Didier-Pierre (1722-1787) embrassa la carrière ecclésiastique et devint chanoine de la cathédrale de Langres. Les relations entre les deux frères furent conflictuelles jusqu'à la fin, Didier refusant encore tout contact avec la fille de son frère bien après sa mort. Sa s?ur Denise (1715-1797), enfin, restée à Langres, sera le lien permanent et discret entre Diderot et sa région natale.

En octobre 1723, Denis, qui avait déjà appris le latin avec un précepteur privé, est admis au collège jésuite de Langres, proche de sa maison natale. À douze ans (1725), ses parents envisageaient pour lui la prêtrise : il reçoit la tonsure de l'évêque de Langres le et prend le titre d'abbé ainsi que la tenue ecclésiastique. Il est prévu qu'il succéderait à son oncle, Didier Vigneron, frère aîné de sa mère et chanoine à Langres, mais la mort prématurée et sans testament de ce dernier ne permet pas à Denis de bénéficier de sa prébende. Le jeune Diderot termine donc ses études au collège en se distinguant à la fois comme un élève batailleur et indiscipliné mais extrêmement brillant, raflant tous les prix de fin d'année.

Premières années parisiennes (1728-1745)

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Peu intéressé par la carrière ecclésiastique, ni par l'entreprise familiale et les perspectives de la vie en province, Denis décide d'aller à Paris pour devenir jésuite. Son père l'accompagne jusqu'à la grande ville en fin 1728 ou début 1729 et l'inscrit au collège d'Harcourt. Il obtient le diplôme de maïtrise ès arts trois ans plus tard, le . puis entre à la Sorbonne. Le , il reçoit une attestation de l'université de Paris confirmant qu'il a étudié avec succès la philosophie pendant deux ans et la théologie durant trois ans. Vers 1731 ou 1732, il pourrait entreprendre les démarches auprès de l'évêque de Langres afin d'obtenir un poste, mais abandonne vite l'idée.

De 1736-1738, Diderot travaille pour l'avocat Clément Le Ris, mais passe le plus clair de son temps à lire les auteurs grecs et latins, étudier les mathématiques et apprendre l'anglais dans un dictionnaire latin-anglais et l'italien. Il est passionné par le théâtre et connaît par c?ur de grandes tirades de Molière et de Corneille, mais essaie en vain d'apprendre à danser. Il avouera plus tard à Sophie Volland : « Les premières années que je passai à Paris avaient été fort dissolues » ; « avec cet air vif, ardent et fou que j'avais », le jeune homme plaisait aux femmes. L'avocat ayant alerté le père Diderot, celui-ci répondit que son fils devait choisir entre trois professions : médecin, procureur ou avocat. Denis ayant répondu qu'il aimait l'étude et ne voulait aucune de ces professions, son père lui supprima sa pension et resta insensible à ses lettres. Denis se fit un peu d'argent en servant de précepteur durant trois mois chez le banquier Élie Randon de Massanes, mais abandonna cette tâche qui l'occupait du matin au soir. Pendant un temps, il vécut d'expédients, rédigeant des sermons pour un missionnaire ou extorquant de l'argent à Frère Ange, un carme de Langres à qui il avait promis de se faire moine.

Ses préoccupations prennent progressivement une tournure plus littéraire et il donne quelques articles au Mercure de France, le premier de ceux-ci étant une épître en vers pour envoyer ses v?ux à M. Basset, en janvier 1739. À la fin des années 1730, il annote une traduction d'Étienne de Silhouette de l'Essay on man d'Alexander Pope et se tourne vers la traduction.

Mariage clandestin et premiers écrits (1743-1749)

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Entre 1740 et 1746, Diderot déménage fréquemment sans jamais s'éloigner du Quartier latin. En 1740 il se trouve rue de l'Observance puis rue du Vieux-Colombier et rue des Deux-Ponts.

En 1742, il devient amoureux de Anne-Antoinette Champion (1710-1796), une blanchisseuse de 31 ans qu'il appelle Toinette ou Nanette, et qui vivait dans l'immeuble où il logeait. Toinette, dont le père était mort quand elle avait trois ans, était d'origine noble mais vivait pauvrement en raison de désastres financiers. Elle avait été dans un couvent jusqu'à l'âge de 13 ans mais était à peine capable de lire. Pour surmonter les réticences de sa mère, Diderot se présente en habit ecclésiastique et réussit à s'entretenir avec la belle Toinette, qui accepte de l'épouser. Diderot effectue un premier retour à Langres pour solliciter auprès de son père le droit de se marier ? la majorité matrimoniale étant fixée à 30 ans à cette époque ?, mais il essuie un refus car son père estime que cette femme est en dessous de sa classe sociale de bourgeois. Comme Denis persiste, son père tente de bloquer ce projet de mariage en le faisant enfermer dans un monastère de Carmélites, où il est tonsuré et moqué par les moines. Après quelques jours, Denis réussit à s'échapper durant la nuit et se rend à Troyes, à 120 km de là, mais doit rester caché pour éviter d'être repris par la police. Toinette, qui avait abandonné l'idée de l'épouser à la suite d'une lettre de son père, apprend après quelques mois que Denis est très malade. Elle lui rend visite avec sa mère et l'aide à se remettre. Les deux amoureux se marient alors secrètement en l'église Saint-Pierre-aux-B?ufs le . Le jeune couple s'installe rue Saint-Victor (1743).

Jean-Jacques Rousseau vers 1753 par Maurice-Quentin de La Tour
Gravure de Pierre Chenu (1760) d'après Jean-Baptiste Garand, 1760. « Je n'ai jamais été bien fait que par un pauvre diable appelé Garand, qui m'attrapa, comme il arrive à un sot qui dit un bon mot. Celui qui voit mon portrait par Garand, me voit »

Cette union ne sera pas heureuse longtemps. D'un naturel jaloux, Diderot confine son épouse à la maison et lui fait abandonner son travail de dentellière, ce qui accentuera son caractère hargneux. Diderot délaisse rapidement une épouse très éloignée de ses intérêts littéraires et entretient, de 1746 à 1751, une liaison avec Madeleine de Puisieux, qui se piquait de littérature mais dont l'abbé Raynal dira qu'elle « n'était pas digne de l'attachement de M. Diderot. » En dépit de ses écarts conjugaux, il aura toujours soin de protéger les siens ; de son couple, naîtront quatre enfants dont seule la cadette, Marie-Angélique (1753-1824), atteindra l'âge adulte.

L'année 1742 marque le début de son amitié avec Jean-Jacques Rousseau qu'il rencontre au Café de la Régence, alors qu'il observait des joueurs d'échec Très vite, ils découvrent qu'ils ont en commun l'amour de la musique, du théâtre, de la philosophie et de la littérature. Une forte amitié naît entre les deux hommes.

Diderot a entamé sa carrière littéraire par des traductions, qui lui permirent de subvenir initialement aux besoins de sa famille. En 1746, le couple s'installe rue Traversière puis, en avril, rue Mouffetard, chez François-Jacques Guillotte, un officier militaire qui fournira plus tard un article à l'Encyclopédie sur la construction des ponts. La même année, 1746, il publie de façon anonyme Pensées philosophiques, sa première ?uvre personnelle, qu'il a peut-être publiée sur les instances de sa maîtresse de l'époque, Madeleine de Puisieux. L'ouvrage suscite une forte réaction et est vite condamné à être « lacéré et brulé ». On attribue souvent à cette publication la forte et durable hostilité que suscitera Diderot.

Il rencontre à cette époque Jean-Philippe Rameau et collabore à la rédaction de sa Démonstration du principe de l'harmonie (1750). D'une curiosité inlassable, Diderot fréquente les leçons des savants, s'intéresse au calcul des probabilités, à l'Histoire naturelle de Buffon, à la physiologie. Il suit des démonstrations de chirurgie de César Verdier ainsi que les cours de chimie de Guillaume-François Rouelle ? archétype du savant distrait ? et publiera ses notes de cours sous le titre Introduction à la chimie.

Château de Vincennes (24 juillet au 3 novembre 1749)

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Le n 3 de la rue de l'Estrapade où vivait Diderot de 1747 à 1754, à l'époque de son arrestation.

Les positions matérialistes de sa Lettre sur les aveugles à l'usage de ceux qui voient, qui paraît en 1749, achèvent de convaincre la censure que leur auteur, surveillé depuis quelque temps, est un individu dangereux. Surtout, en cette année 1749, le pouvoir et l'ordre à Paris sont menacés par des problèmes économiques qui paupérisent une partie de la population. En outre, la signature du Traité d'Aix-la-Chapelle (1748) a amené en ville nombre de militaires dés?uvrés qui enlèvent, violent et tuent. Des rumeurs circulent accusant la police royale d'enlever des enfants pour les emmener à Versailles pour que Louis XV puisse se baigner dans leur sang. La police se sent pressée d'agir. La Lettre sur les aveugles est condamnée et Diderot est arrêté chez lui, rue de l'Estrapade et emmené au château de Vincennes où il sera incarcéré trois mois sur ordre du préfet de police Berryer. Selon le procès-verbal de l'interrogatoire, quand ce dernier interroge le prévenu le 31 juillet 1749, Diderot nie fermement être l'auteur de la Lettre en question.

Extrait du procès-verbal de l'arrestation de Diderot (France, Archives nationales).

À son domicile, la police saisit toutefois le manuscrit de La Promenade du sceptique mais cherche vainement le manuscrit de L'Oiseau blanc : conte bleu. Toutefois, le policier se rend chez Laurent Durand, imprimeur de cet ouvrage, qui se montre nettement plus coopératif. Après quatre semaines de cellule, Diderot change de stratégie et écrit une longue lettre à Berryer pour faire amende honorable et tenter de l'apitoyer. En outre, il écrit au comte d'Argenson, alors ministre de la censure et de la guerre, une lettre assez flatteuse dans laquelle il lui annonce que, en tant qu'éditeur de l'Encyclopédie, il avait envisagé de lui dédicacer cet ouvrage ? ce qu'il fera d'ailleurs deux ans plus tard. N'ayant pas de réponse de Berryer, il lui écrit une autre lettre dans laquelle il avoue être l'auteur des Pensées philosophiques, des Bijoux indiscrets et de la Lettre sur les aveugles. Berryer lui donne alors une cellule beaucoup plus confortable ainsi qu'un droit de visite.

Durant sa détention, Diderot reçoit la visite à plusieurs reprises de son ami Jean-Jacques Rousseau qui, en chemin, a un jour la fameuse illumination qui l'amènera à écrire, sur le conseil de Diderot, son Discours sur les sciences et les arts.

Outre la visite de sa femme Toinette et de Madame de Puisieux, il a des réunions de travail avec ses éditeurs et se remet à l'Encyclopédie avec son co-éditeur d'Alembert et Louis-Jacques Goussier, responsable des illustrations. Il reçoit aussi le soutien de Voltaire ? qui évoque à son propos l'incarcération de Socrate ? et d'Émilie du Châtelet qui parvient à faire assouplir ses conditions de détention. Le Breton, qui a ses entrées à la Cour en tant qu'éditeur de l'Almanach royal, fait valoir les impacts négatifs pour la prospérité du royaume si le projet devait être abandonné et l'entraîner à la ruine. Diderot est libéré après 102 jours de prison et il s'engage à modérer ses écrits. Il sera désormais d'une grande prudence dans ses publications, préférant même réserver certains de ses textes à la postérité ou à jouer de discrétion afin de contourner la censure. Cette lutte, qui sera incessante jusqu'à la fin de la publication de l'Encyclopédie, est le premier positionnement de Diderot à l'égard du pouvoir.

L'Encyclopédie (1747-1772)

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Diderot par Claude Bornet (1763).
La rue Taranne en 1866 vue par Charles Marville : le logis de Diderot était situé au-dessus du restaurant Laffitte, au n 1, et faisait l'angle avec, à droite, le début de la rue Saint-Benoît.

L'année 1747 marque le début des pleines responsabilités de Diderot dans le vaste projet éditorial de l'Encyclopédie. Il s'installe alors rue de l'Estrapade sur la montagne Sainte-Geneviève. Deux ou trois fois par semaine, il se réunit avec Rousseau au Panier fleuri, petite auberge sur la rive gauche, près du Pont Neuf. Par l'intermédiaire de Rousseau, Diderot avait rencontré Condillac en 1745, qui travaillait alors à son Essai sur l'origine des connaissances humaines et s'était vite ajouté à leur compagnie. Le trio envisagea un moment de publier un journal satirique intitulé Le Persifleur, mais ce projet est abandonné quand Diderot et d'Alembert sont formellement invités à collaborer à l'Encyclopédie. Ils en deviennent les codirecteurs lorsque Jean-Paul de Gua de Malves abandonne le projet. Condillac influencera grandement l'orientation théorique du projet, même si, sans doute par prudence, il n'y écrira aucun article.

Cette période de travail intense, avec ses charges, ses menaces, ses satisfactions et ses déceptions est également marquée par quelques événements privés importants. En 1750, Diderot est nommé à l'Académie royale des sciences de Prusse. En revanche, il échoue en 1753 à entrer à la Société royale de Londres, où sa candidature avait pourtant été soumise par de grands noms de la science.

En 1753 naît Marie-Angélique, le seul de ses enfants qui lui survivra. Les finances s'améliorent et, en mai 1755, la famille Diderot s'installe au 4 étage d'un logis de six pièces dans la rue Taranne et n'en bougera plus.

En 1755, Diderot rencontre Sophie Volland, peut-être par l'intermédiaire de Rousseau. Il entame avec elle une liaison clandestine qui se prolongera jusqu'à la mort de celle-ci et qui est à l'origine d'une abondante correspondance, aujourd'hui considérée comme essentielle pour la connaissance de l'écrivain.

À partir de 1757, ses idées commencent à diverger de celles de Jean-Jacques Rousseau, entre autres sur le rapport à la société. Diderot en effet comprend mal la volonté de solitude exprimée par Rousseau et écrit dans Le Fils naturel, que « l'homme de bien est dans la société, et qu'il n'y a que le méchant qui soit seul. » Rousseau se sent attaqué et s'offusque. La brouille a également pour origine les indiscrétions que Rousseau attribue à Diderot sur la liaison qu'il avait avec Louise d'Épinay. À la suite de cela, dans la version de 1760 du Contrat social dite « Manuscrit de Genève », Rousseau introduit une réfutation de l'article « Droit naturel » publié en 1755 dans l'Encyclopédie. La polémique avec Diderot le conduit à supprimer le chapitre « La Société générale du genre humain », contenant la réfutation. C'est le début d'un éloignement qui ne fera que se marquer davantage.

Le décès de son père, en 1759, impose à Diderot un voyage à Langres pour régler la succession. C'est l'occasion pour lui de retrouver sa terre natale et de repenser à l'intégrité morale de son père. Il en sortira des textes importants, comme le Voyage à Langres et l'Entretien d'un père avec ses enfants.

En 1762, il obtient de sa femme de ne pas envoyer leur fille Angélique au couvent et il prend en main son éducation.

Le critique d'art et l'impératrice (1765-1773)

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À partir de 1769, Grimm confie plus largement la direction de la Correspondance littéraire à Diderot et Louise d'Épinay. Ce sera l'occasion pour Diderot de développer une activité de critique tant dans le domaine littéraire qu'artistique grâce à ses neuf comptes-rendus des salons qu'il rédigera entre 1759 et 1781. La Correspondance littéraire sera également le premier mode de diffusion, manuscrit et très restreint, de nombreux textes du philosophe.

Les divergences avec Rousseau s'affirment depuis quelques années déjà, la dispute s'amplifie jusqu'à la rupture totale en 1770. Rousseau considère dès lors Diderot comme un ennemi. L'un et l'autre éprouveront une grande amertume à la suite de cette rupture. Ainsi, dans sa Lettre sur les spectacles, Rousseau écrit : « J'avais un Aristarque sévère et judicieux, je ne l'ai plus, je n'en veux plus ; mais je le regretterai sans cesse, et il manque bien plus encore à mon c?ur qu'à mes écrits ». Et Diderot répond, dans l'Essai sur les règnes de Claude et de Néron : « Demandez à un amant trompé la raison de son opiniâtre attachement pour une infidèle, et vous apprendrez le motif de l'opiniâtre attachement d'un homme de lettres pour un homme de lettres d'un talent distingué ».

Danaé par Le Titien (vers 1545), Musée de l'Ermitage

Au printemps 1769, Diderot devient l'amant de Jeanne-Catherine Quinault (dite madame de Maux, du nom de son mari), nièce de la comédienne Jeanne-Françoise Quinault et amie de Louise d'Épinay.

En janvier 1765, Diderot laisse entendre à ses amis qu'il serait prêt à vendre sa bibliothèque pour doter correctement sa fille ? qui n'a alors que 12 ans. Son ami Grimm en informe le chambellan de la reine de Russie, Catherine II. Celle-ci en fait aussitôt l'achat pour 15 000 tout en insistant pour que Diderot la garde en viager et qu'il soit rémunéré comme bibliothécaire de ce fonds à raison de 1 000 par an. À la suite d'un retard de paiement, l'impératrice lui paie même 50 années d'avance, soit formatnum équivalant à 700 000 en 2019. Diderot est également nommé membre de l'Académie impériale des beaux-arts de Saint-Pétersbourg en 1767. Ces largesses permettront au philosophe de mettre sa fille et ses vieux jours à l'abri du besoin, et auront un impact important sur la réception de son ?uvre.

À la suite de la vente de sa bibliothèque, Diderot se considère comme l'attaché culturel de l'impératrice et convainc plusieurs artistes de s'installer à Saint-Pétersbourg, notamment son ami le sculpteur Étienne Maurice Falconet qui érigera la statue en bronze de Pierre le Grand installée devant le sénat de Saint-Pétersbourg. Il négocie aussi pour l'impératrice l'achat de tableaux et de sculptures. Grande amatrice d'art, Catherine II chargeait ses principaux contacts, dont Diderot, d'acheter des ?uvres européennes alors introuvables en Russie. C'est Diderot, par exemple, qui négocie avec Louise Crozat de Thiers dite « la Maréchale » l'achat des 500 tableaux de la « galerie Thiers », comprenant des ?uvres de Raphaël, Rembrandt, Titien, Véronèse, Rubens, etc. ; l'accord est signé le 4 janvier 1772 pour 460 000 livres. Cette vente suscita bien des critiques, mais le roi de France était incapable de surenchérir en raison du piteux état des finances publiques dû à un contexte économique et géopolitique désastreux.

À partir des années 1766, la répression menée par l'Inquisition contre les actes d'impiété devient féroce, comme le prouve le châtiment du chevalier de la Barre. Voltaire presse Diderot de fuir à l'étranger, mais celui-ci refuse. Il dira un peu plus tard qu'il ne saurait « souffrir qu'un homme qui se laisse appeler philosophe, préfère sa vie, sa misérable vie, au témoignage de la vérité. »

Diderot est devenu une personnalité à tel point que, en 1768, lors de la visite du roi Christian VII de Danemark, Louis XV lui fait rencontrer Diderot avec quelques intellectuels. Un peu après, c'est le tour du cousin du roi de Pologne, qui se rend chez lui et trouve le philosophe dans une robe de chambre écarlate qu'il venait de recevoir en cadeau ? ce qui entraînera Diderot à s'expliquer dans Regrets sur ma vieille robe de chambre, une de ses pièces d'anthologie.

Le 9 septembre 1772, sa fille unique se marie avec Abel François Nicolas Caroillon de Vandeul natif de Langres.

Voyage à Saint-Pétersbourg (1773-1774)

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Trajet de Denis Diderot.

Depuis plus de 10 ans, Diderot était invité par Catherine II dont les largesses à son égard méritaient sa reconnaissance. Peu enclin aux mondanités et d'un caractère casanier, ses obligations éditoriales et familiales incitaient Diderot à reporter le déplacement. Ce n'est qu'en 1772, après avoir terminé l'Encyclopédie qu'il envisagea enfin ce voyage. Il avait aussi marié sa fille Angélique le 9 septembre 1772 avec le fils d'un industriel de Langres, mais cela n'avait pas été sans lui causer beaucoup de chagrin. Enfin, il lui était d'autant plus facile de quitter Paris que sa vie amoureuse était en panne, tant du côté de Sophie Volland que du côté de Madame de Maux.

Diderot effectue ainsi l'unique voyage de sa vie hors de France, du au . Ce voyage sera marqué d'un séjour à Saint-Pétersbourg, de ses entretiens avec Catherine II et deux longs séjours à La Haye, dans les Provinces-Unies de l'époque.

Avant son départ, Diderot avait pris avec son disciple Jacques-André Naigeon les dispositions nécessaires pour la publication de ses manuscrits en cas de décès. Il revint indemne, des projets plein la tête, mais très affaibli ; les conditions du voyage et les rigueurs de l'hiver russe ont pu écourter sa vie de quelques années...

À l'aller et au retour de son voyage, Diderot passe deux longs séjours à La Haye, dans les Provinces-Unies. Son Voyage en Hollande est surtout le produit de ses lectures sur le pays et tellement faible que Hemsterhuis souhaitait que ce ne soit jamais publié.

Premier séjour à La Haye (juin à août 1773)

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Il séjourne une première fois à La Haye du au , chez l'ambassadeur de Russie Dimitri Alexeïevitch Galitzine et sa femme Amélie Galitzine à l'ambassade de Russie, Kneuterdijk, n 22. Dès son arrivée, il va voir la mer pour la première fois. Il apprécie la nourriture et les multiples sortes de poissons.

Lors de ce séjour, Diderot rencontre notamment le philosophe François Hemsterhuis et visite Haarlem, Amsterdam, Zaandam et Utrecht. Il rencontre aussi des professeurs de lycée à l'Université de Leyde. C'est durant ce séjour qu'il termine le brouillon d'un de ses essais les plus importants : Paradoxe sur le comédien.

Séjour à Pétersbourg (octobre 1773 à mars 1774)

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Catherine II.

Le 20 août, Diderot et le chambellan de l'impératrice, Aleksei Vasilievich Narychkine, quittent La Haye pour Pétersbourg, avec des arrêts à Duisbourg, Leipzig et Dresde. Sur la route, Diderot travaille à un essai sur l'histoire de la police en France et compose des poèmes licencieux. Ils arrivent à Saint-Pétersbourg le 8 octobre. Diderot, malade, se décrit comme « plus mort que vivant ». Il devait être hébergé dans la maison de son ami le sculpteur Falconet, rue Millionaya, près du palais, mais le fils de celui-ci, rentré un peu plus tôt de Londres, occupait la chambre réservée au philosophe. Finalement, Diderot va passer cinq mois dans la maison de Narychkine au centre de la ville. La présentation à l'impératrice a lieu le 15 octobre, lors d'une fête costumée : Diderot portait son costume noir et on lui prêta une perruque. Les entretiens avec Catherine commencèrent les jours suivants et ils eurent lieu trois fois par semaine, entre trois et six heures de l'après-midi, dans les appartements privés. Entre deux rencontres, Diderot travaille fiévreusement à rédiger un total de 65 mémoires pour l'impératrice, regroupés sous le titre Mémoires pour Catherine II, conservés aux Archives centrales historiques de Moscou.

Dans ses rencontres avec l'impératrice ? à un moment où elle est aux prises avec une insurrection paysanne menée par Pougatchev ?, Diderot évite de se placer en position de mentor et insinue ses idées au moyen de fables, d'anecdotes ou de dialogue philosophique. En même temps, le gouvernement français souhaitait vivemnet que le philosophe réussisse à rapprocher la Russie de la France et à l'éloigner de la Prusse.

La correspondance de Diderot révèle la diversité et le sérieux des sujets abordés : la valeur de la libre concurrence dans le commerce et le gouvernement, la nécessité de régler la succession au trône russe, la commission législative que Catherine avait assemblée en 1767, le luxe, le divorce et les académies, le rapport du trône avec la religion, la méritocratie en Russie, la situation des Juifs, la tyrannie, l'importance des écoles publiques, l'administration de la justice, les universités, la littérature, etc. Diderot incite aussi Catherine à réinstaller sa capitale à Moscou et à réduire considérablement les dépenses du palais. Catherine est vivement impressionnée par l'imagination de son invité et le décrit dans une lettre à Voltaire comme « l'homme le plus extraordinaire qu'elle ait jamais rencontré ». Diderot, pour sa part, considérait l'impératrice comme une femme éminemment supérieure à lui, avec l'âme de César et les charmes de Cléopâtre. Tout en l'écoutant avec attention, l'impératrice le reprend fermement lorsqu'il s'aventure à lui suggérer de mettre fin à la guerre avec la Turquie qui durait depuis cinq ans.

Diderot espère aussi faire démarrer la traduction et l'adaptation de l'Encyclopédie en russe. Vers le 5 novembre 1773, il reçoit une première pression politique par le biais de l'ambassadeur de France à Pétersbourg, François-Michel Durand de Distroff, pour essayer d'améliorer l'attitude de la souveraine vis-à-vis de la France. Au cours de son séjour, il visite les environs de la ville impériale, assiste à des représentations théâtrales et devient membre étranger de l'Académie russe des sciences.

Après quelques mois, Diderot prend conscience que l'impératrice ne compte pas, en réalité, mettre en pratique les réformes qu'il lui propose. La cabale des courtisans contre lui prend de la force lorsque arrivent au palais des copies des Nouvelles littéraires (décembre 1773). Ce magazine contenait un article du roi de Prusse Frédéric II qui éreintait la carrière littéraire de Diderot afin de se venger qu'il ait refusé son invitation.

Traduction du Nakaz (1779)

Diderot quitte la ville le 5 mars 1774, après plusieurs semaines de problèmes intestinaux, période pénible, humide et froide, durant laquelle il a peu produit. Pour le chemin du retour, l'impératrice lui accorda une somme de 3 000 roubles et lui fournit une voiture équipée d'un lit. Surtout, en présence de sa cour, elle retira de son doigt une bague qui comportait son portrait en miniature et demanda à son chambellan de la remettre à Diderot au moment de son départ. Fidèle à la promesse qu'il avait faite à Catherine de ne jamais la critiquer publiquement ni son gouvernement, il brûlera avant son départ toutes les notes qu'il avait prises sur son expérience de la capitale russe.

Second séjour à La Haye (avril à octobre 1774)

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Sur le chemin du retour de Russie, alors que le cocher avait engagé sa voiture sur une rivière gelée, la glace céda et les occupants n'échappèrent que de peu à la noyade. Après 2 400 km de route, Diderot arriva à La Haye le 5 avril et séjourna à nouveau chez Galitzine, jusqu'au 15 octobre 1774 ? soit 6 mois et 17 jours. Il entreprend alors de s'acquitter de la publication en français des édits et plans de Catherine en matière d'éducation publique. Il se met aussi à retravailler ses manuscrits en vue d'une édition complète de ses ?uvres et rencontre à cette fin l'éditeur Marc-Michel Rey. Mais ce projet ne verra pas le jour. De même son projet de traduction en russe de l'Encyclopédie, qu'il comptait faire plus audacieuse que la première édition et pour laquelle il espérait recevoir 200 000 livres dut être abandonné faute d'intérêt de la part de Catherine.

Il travaille aussi à un ouvrage satirique « Principes de politique des souverains » contenant des maximes dignes de Machiavel à l'usage des autocrates. Diderot avait en tête Frédéric II, mais bien des maximes s'appliquaient aussi à Catherine.

Durant son séjour, il rencontre l'anatomiste Petrus Camper et, dans son Voyage en Hollande, il déduit de ses travaux que toutes les espèces animales descendent d'un unique individu (monogénisme). Il rédige aussi des Observations fort critiques sur le Nakaz ou recueil d'instructions de Catherine (voir ci-contre), mais son hôte à La Haye lui déroba le manuscrit et le brûla, sans doute sur ordre de l'impératrice.

Dernières années (1774-1784)

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Château du Grandval, où Diderot fit plusieurs séjours à l'invitation du baron d'Holbach (carte postale de 1907).

Dès son retour à Paris, Diderot ralentit progressivement sa vie sociale car sa santé se dégrade et il l'accepte mal. Il multiplie et allonge les séjours à Sèvres, dans la maison de son ami le joaillier Étienne-Benjamin Belle où il se rend régulièrement pendant les dix dernières années de sa vie, ainsi qu'au château du Grandval (Sucy-en-Brie), chez d'Holbach, parfois avec sa famille.

Toujours au service de l'impératrice, Diderot rédige à sa demande un Plan d'une université pour le gouvernement de Russie (1775), mais qui restera lettre morte.

En 1778, Diderot rencontre finalement Voltaire avec qui il avait échangé quelque neuf lettres au cours des trente dernières années. Leur conversation porta essentiellement sur l'art du théâtre et notamment s'il était possible de préférer Shakespeare à Racine ou Virgile. Diderot répondit en exaltant l'immense supériorité de Shakespeare, au grand déplaisir de Voltaire.

À partir de 1783, Diderot met de l'ordre dans ses textes et travaille avec Naigeon à établir trois copies de ses ?uvres : une pour lui, une pour sa fille et la dernière pour Catherine II. Sophie Volland meurt le 22 février 1784. Le 15 mars 1784, le décès prématuré de sa petite-fille lui est peut-être caché pour le ménager. Durant ces années, il continue de travailler au manuscrit des Éléments de physiologie qu'il avait commencé en 1774 et dans lequel il expose sa conception purement matérialiste de la vie, expliquant qu'il ne faut pas craindre la mort vu que cela ne fait que gâter le moment présent. Il met aussi la dernière main à son roman Jacques le Fataliste et son maître, qu'il avait commencé en 1765 et publié en feuilleton dans la Correspondance littéraire entre 1778 et 1780. La philosophie matérialiste et déterministe du personnage principal, annoncée dans le titre, est nuancée par une trame narrative toute en rebondissements et en récits annexes à portée ludique.

Le , Diderot fait un accident vasculaire cérébral qui entraîne quatre jours de délire. Pour échapper aux efforts du clergé qui veut le ramener à la foi, il va séjourner durant deux mois à Sèvres chez son ami Étienne-Benjamin Belle, puis emménage à la mi-juillet dans un luxueux appartement de l'hôtel dit de Bezons, au 39 rue de Richelieu à Paris, acquis grâce aux bons soins de Melchior Grimm et de Catherine II qui souhaitaient lui éviter de gravir les quatre étages d'escalier de son logis de la rue Taranne. Il ne profitera que deux semaines de ce confort car il meurt le 31 juillet 1784, probablement d'un autre accident vasculaire. À sa demande répétée, il est autopsié. Dans la soirée du dimanche , son cercueil de plomb est descendu et un cortège funèbre constitué de cinquante prêtres engagés par les Vandeul l'accompagne jusqu'à l'église Saint-Roch, où il est placé dans la crypte sous la chapelle de la Vierge. Contrairement à certaines paroisses de Paris qui refusaient d'enterrer des athées déclarés, la paroisse de Saint-Roch avait accueilli nombre de philosophes et d'écrivains. Naigeon semble être le seul homme de lettres à avoir suivi le convoi.

Plaque sur l'immeuble du 39 rue de Richelieu.

« L'an 1784, le 1 août, a été inhumé dans cette église M. Denis Diderot, des académies de Berlin, Stockholm et Saint-Pétersbourg, bibliothécaire de Sa Majesté Impériale Catherine seconde, impératrice de Russie, âgé de 71 ans, décédé hier, époux de dame Anne-Antoinette Champion, rue de Richelieu, de cette paroisse, présents : M. Abel-François-Nicolas Caroilhon de Vandeul, écuyer, trésorier de France, son gendre, rue de Bourbon, paroisse Saint-Sulpice ; M. Claude Caroilhon Destillières, écuyer, fermier général de Monsieur, frère du Roi, rue de Ménard, de cette paroisse ; M. Denis Caroilhon de la Charmotte, écuyer, directeur des domaines du Roi, susd. rue de Ménard, et M. Nicolas-Joseph Philpin de Piépape, chevalier, conseiller d'État, lieutenant général honoraire au bailliage de Langres, rue Traversière, qui ont signé avec nous [?], Marduel, curé. »

? Extrait du registre paroissial de l'église Saint-Roch à Paris.

Après 1784

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En juin 1786, sa bibliothèque et ses archives sont envoyées à Saint-Pétersbourg. Elles n'y recevront pas l'attention accordée à celles de Voltaire : les pertes, les disparitions et l'absence de tout inventaire nuiront également à la connaissance et la bonne réception de l'?uvre de Diderot.

En 1793, des voleurs profanèrent les tombes de l'église Saint-Roch à la recherche d'objets précieux et laissèrent les corps éparpillés sur le parvis, qui furent ensuite jetés à la fosse commune. La sépulture et la dépouille de Diderot ont donc disparu, contrairement à celles de Voltaire et Jean-Jacques Rousseau, tous deux inhumés au Panthéon de Paris.

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