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Naissance |
Bucarest ![]() |
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Décès |
(à 79 ans) Chicago ![]() |
Activité principale |
Historien des religions Mythologue Philosophe Romancier |
Distinctions |
Prix Bordin de l'Académie française en 1977 |
Langue d'écriture |
Roumain Français Anglais |
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Genres |
Poésie, nouvelle, roman, essai |
?uvres principales
Mircea Eliade, né le à Bucarest (Roumanie) et mort le à Chicago (États-Unis), est un historien des religions, mythologue, philosophe et romancier roumain dont les ?uvres ont été rédigées en roumain, français et anglais.
Originairement spécialiste de la philosophie indienne et du yoga, Mircea Eliade est considéré comme l'un des fondateurs de l'histoire moderne des religions. Savant studieux des mythes, il élabore une vision comparée des religions en trouvant des relations de proximité entre différentes cultures et moments historique, et développe un certain nombre de conceptions ontologiques religieuses universelles comme celle du mythe de l'éternel retour (volonté d'échapper au Temps par une régénération du mythe cosmogonique) ou encore le symbolisme du centre, tout en insistant sur la rupture paradigmatique judéo-chrétienne (passage d'une hantise du devenir à l'acceptation de l'Histoire comme théophanie). La démarche eliadienne se situe par ailleurs dans une perspective clairement anti-réductionniste cherchant à restituer et à comprendre l'expérience humaine dans toute son authenticité.
Son ?uvre littéraire, directement influencée par ses études religieuses, se caractérise par une volonté de révéler le sacré et le transcendant dans le déroulement habituel des événements de la vie, et par l'expérience amoureuse assimilée à un élément chargé d'une lourde signification.
Sa formation d'historien et philosophe l'a amené à étudier les mythes, les rêves, les visions, le mysticisme et l'extase. En Inde, Eliade étudia le yoga et lut, directement en sanskrit, des textes classiques de l'hindouisme qui n'avaient pas été traduits dans des langues occidentales.
Auteur prolifique, il cherche à trouver une synthèse dans les thèmes qu'il aborde (excepté dans son Histoire des religions, qui reste purement analytique). De ses documents est souvent souligné le concept de « Hiérophanie », par lequel Eliade définit la manifestation du transcendant dans un objet ou dans un phénomène de notre cosmos habituel.
Vers la fin du XX siècle, quelques textes d'Eliade nourrissent la vision gnoséologique de mouvements religieux, apparus avec la contre-culture des années 1960.
Mircea Eliade naquit à Bucarest d'un père officier de l'armée de terre roumaine, Gheorghe Eliade (dont le nom patronymique était à l'origine Ieremia), et de Jeana née Vasilescu. Fidèle de l'Église orthodoxe roumaine, Gheorghe Eliade déclara la naissance de son fils quatre jours avant la date réelle, afin de la faire coïncider avec la fête des Quarante martyrs de Sébaste du calendrier liturgique. Mircea Eliade avait une s?ur, Corina, future mère du sémiologue Sorin Alexandrescu (en). La famille déménagea plusieurs fois entre Tecuci et Bucarest, pour finalement se fixer dans la capitale en 1914 ; les Eliade s'y achèteront une maison rue Melodiei, non loin de la place Rosetti, que Mircea habitera jusque tard dans son adolescence.
Eliade garda un souvenir particulièrement heureux de son enfance et relatera plus tard l'impact qu'eurent sur son esprit d'enfant différents épisodes et rencontres inhabituels. Lors de l'un de ces épisodes, qui eut lieu pendant la campagne de Roumanie de la Première Guerre mondiale, alors qu'Eliade avait une dizaine d'années, il fut témoin du bombardement de Bucarest par des dirigeables allemands et de la ferveur patriotique qui s'empara de la capitale occupée à la nouvelle que la Roumanie avait été en mesure de contenir l'avancée des Empires centraux en Moldavie.
Mais, plus particulièrement, cette phase de sa vie fut marquée par une expérience tout à fait singulière, qui se produisit lorsque certain jour il fit son entrée dans un salon qu'une « inquiétante lumière iridescente » avait transformé en un « palais de conte de fées », expérience qu'Eliade appellera une épiphanie. Remémorant cet épisode, il écrivit :
« Pendant de nombreuses années, j'ai pratiqué l'exercice de ressaisir ce moment épiphanique, et à chaque fois, je retrouvai la même plénitude. Je m'y glissais comme dans un fragment de temps hors durée ? sans commencement, milieu ou fin. Pendant mes dernières années de lycée, tandis que je luttais contre de profonds accès de mélancolie, je réussissais parfois à revenir encore à la lumière vert or de cet après-midi. [...] Mais, bien que la béatitude fût la même, cela finit par devenir impossible à supporter, car ma tristesse s'en trouvait trop fortement aggravée. C'est à ce moment-là que je sus que le monde auquel appartenait le salon [...] était un monde perdu à tout jamais. »
Robert Ellwood, professeur de religion, auteur de The Politics of Myth, qui fut le disciple de Mircea Eliade, considérait ce type particulier de nostalgie comme l'un des thèmes les plus caractéristiques de l'?uvre théorique et de la vie d'Eliade.
Après des études primaires à l'école de la rue Mântuleasa, Mircea Eliade fréquenta le Collège national Spiru Haret de Bucarest, où il fut le camarade de classe d'Ar?avir Acterian (ro), de Haig Acterian (en) et de Petre Viforeanu, et pendant quelques années celui, plus âgé, de Nicolae Steinhardt, lequel deviendra son ami. Parmi ses autres condisciples figuraient aussi le futur philosophe Constantin Noica et l'ami de celui-ci, le futur historien de l'art Barbu Brezianu (en).
Enfant, Eliade était fasciné par le monde naturel, qui forme le décor de ses toutes premières tentatives littéraires, ainsi que par le folklore roumain et par la foi chrétienne telle que vécue par les paysans. En grandissant, il se proposa de déceler et de consigner ce qui lui apparaîtrait comme la source commune de toutes les traditions religieuses. L'intérêt du jeune Eliade pour la culture physique et l'aventure le porta à pratiquer l'alpinisme et le nautisme, et aussi à rejoindre les boy scouts roumains.
Avec un groupe d'amis, il conçut et fit construire un bateau à voiles, puis le man?uvra sur le Danube, de Tulcea à la mer Noire. En même temps, Eliade tendait à s'éloigner de son milieu scolaire, étant peu enclin à se plier à la discipline requise et obsédé par l'idée qu'il était plus laid et moins viril que ses condisciples. Afin de se renforcer le caractère, il se contraignait à avaler des insectes et ne dormait que quatre ou cinq heures par nuit. À un certain moment, il était en situation d'échec dans quatre matières scolaires, dont la langue roumaine.
En contrepartie, il se plongea dans l'étude des sciences naturelles et de la chimie, de même que dans l'occultisme, et écrivit de courts textes sur des sujets d'entomologie. Malgré les inquiétudes de son père, qui craignait de voir se détériorer sa vue déjà affaiblie, Eliade lisait avec passion. L'un de ses auteurs préférés était Honoré de Balzac, dont il étudia l'?uvre attentivement. Il découvrit aussi les nouvelles modernistes de Giovanni Papini et les ouvrages d'anthropologie sociale de James George Frazer.
Son intérêt pour ces deux auteurs l'incita à apprendre par ses propres moyens l'italien et l'anglais ? maîtrisant donc déjà, vers 1925, l'allemand, l'anglais, le français et l'italien ?, et s'initia par ailleurs aux langues persane et hébraïque>. Dans le même temps, il se familiarisa avec les poésies de Saadi et avec l'épopée mésopotamienne de Gilgamesh. Il s'intéressa également à la philosophie, étudiant notamment Socrate, Vasile Conta et les stoïciens Marc Aurèle et Épictète, et lut des livres d'histoire, les deux historiens roumains qui l'influencèrent dans son jeune âge étant Bogdan Petriceicu Hasdeu et Nicolae Iorga. Sa première ?uvre publiée fut Inamicul viermelui de m?tase (« l'Ennemi du ver à soie »), qui parut en 1921, suivie, alors qu'il avait quatorze ans, de la nouvelle Cum am g?sit piatra filosofal? (« Comment j'ai découvert la pierre philosophale »). Quatre ans plus tard, Eliade achevait de rédiger sa première ?uvre parue en volume, le roman autobiographique Romanul adolescentului miop (« le Roman de l'adolescent myope »).
En 1925, Eliade s'inscrivit à la faculté de philosophie et lettres de l'université de Bucarest. C'est alors qu'il subit l'influence de Nicolae C. Ionescu (mieux connu en Roumanie sous le nom de Nae Ionescu), alors professeur assistant de logique et mathématique, également journaliste, et dont il deviendra le disciple et l'ami. L'engagement de ce confrère à l'extrême-droite et le sien furent critiqués et ont terni la réputation d'Eliade. Ce dernier se sentait tout spécialement attiré par les idées radicales d'Ionescu et par son intérêt pour la religion, qui représentaient une rupture avec la tradition rationaliste incarnée par les aînés de l'université tels que Constantin R?dulescu-Motru (en), Dimitrie Gusti (en) et Tudor Vianu, lesquels étaient tous redevables, quoiqu'à des degrés variés, à la défunte société littéraire Junimea. En 1927, il entreprit un voyage en Italie, où il rencontra Papini et collabora avec l'universitaire Giuseppe Tucci. En 1928, il fit la connaissance, à l'université de Bucarest, d'Émile Cioran, lui aussi lié à la Garde de fer, et d'Eugène Ionesco, prélude à une longue amitié qui se poursuivra en France.
Il consacra son mémoire de maîtrise à la Renaissance italienne et, en particulier, aux philosophes Marsile Ficin, Giordano Bruno et Tommaso Campanella, et obtint son diplôme en 1928. L'humanisme de la Renaissance est demeuré une influence majeure dans les travaux d'Eliade.
Eliade découvrit l'?uvre de René Guénon dans les années 1920 : les nombreux articles de Guénon sur le symbolisme eurent sur lui un impact majeur. Il déclara en 1932 que Guénon était « l'homme le plus intelligent du XX siècle ». Eliade approfondit l'?uvre de Guénon, en particulier l'Introduction générale à l'étude des doctrines hindoues et L'homme et son devenir selon le Vêdânta, durant son séjour en Inde en 1929-1931. Après-guerre, Guénon se félicitera qu'Eliade reprenne la thèse de l'universalité de ces symboles qu'il développera plus particulièrement dans son Traité d'histoire des religions publié en 1949 et préfacé par Georges Dumézil. Ce traité est d'ailleurs structuré autour de symboles fondamentaux dont la plupart proviennent de la lecture des articles de Guénon. Eliade cita très rarement Guénon : même s'il disait adhérer à ses idées en privé, il déclara ne pas pouvoir l'exprimer ouvertement pour ne pas s'aliéner les milieux universitaires, hostiles à Guénon après guerre.
Après l'obtention de sa licence de philosophie, à l'âge de vingt et un ans, il s'embarqua à l'automne 1928 pour l'Inde, où il séjournera durant trois ans à Calcutta, dans le Bengale occidental, pour y préparer son doctorat à l'université de Calcutta. Le mobile de ce voyage fut la découverte que le Maharadjah de Cassimbazar finançait, au bénéfice d'étudiants européens, des voyages d'études en Inde. Ayant introduit une demande, Eliade se vit octroyer une allocation pour quatre ans, laquelle fut ensuite doublée par une bourse d'études roumaine. Ce voyage fut pour lui une véritable initiation qui marquera ses travaux ultérieurs. Rentré en Roumanie en , il commença la rédaction de sa thèse sur le yoga, laquelle deviendra le Yoga, immortalité et liberté.
À Calcutta, il étudia le sanskrit et la philosophie sous la direction de Surendranath Dasgupta, ancien étudiant bengali de l'université de Cambridge, professeur à l'université de Calcutta, et auteur d'une History of Indian Philosophy en cinq tomes. Avant de mettre pied sur le sous-continent indien, Eliade visita brièvement l'Égypte. Une fois en Inde, il parcourut de vastes zones de la région, et fit un court séjour dans l'âshram himalayen de Swami Shivananda. Il acquit les bases de la philosophie indienne et, parallèlement, apprit le sanscrit, le pali et le bengali, toujours sous la tutelle du professeur Dasgupta. Il eut également l'occasion de s'intéresser aux actions de Mahatma Gandhi, qu'il lui fut donné de rencontrer personnellement, et au Satyagraha en tant que phénomène ; plus tard, Eliade adaptera les idées de Gandhi dans son discours sur la spiritualité et la Roumanie. En 1930, ayant été accueilli dans le logis de Dasgupta, Eliade s'éprit de sa fille, la poétesse et romancière Maitreyi Devi, et fera paraître plus tard un roman autobiographique à peine transposé, intitulé Maitreyi. La Nuit bengali, dans lequel il laisse entendre qu'il eut des rapports physiques avec elle.
En 1933, après avoir soutenu une thèse sur la pratique du yoga, il obtint son titre de docteur en philosophie, puis, de 1933 à 1940, enseigna la philosophie indienne à l'université de Bucarest, et en particulier, de 1936 à 1937, la métaphysique, en qualité de maître-assistant auprès de Nae Ionescu. L'ouvrage tiré de sa thèse, qui fut traduit en français trois ans plus tard, eut une forte répercussion dans les milieux universitaires, à l'étranger autant qu'en Roumanie. Il insista par la suite que ce livre était une première étape vers une compréhension non seulement des pratiques religieuses indiennes, mais aussi de la spiritualité roumaine. Dans la même période, Eliade entama une correspondance avec le philosophe d'origine ceylanaise Ananda Coomaraswamy. Parallèlement, il poursuit une carrière d'écrivain, et son roman Maitreyi. La Nuit bengali (trad. française chez Gallimard, 1950) obtint un prix au printemps 1933.
De récentes recherches (par Alexandra Laignel-Lavastine et de Daniel Dubuisson) montrent qu'Eliade céda aussi aux sirènes à la mode dans sa jeunesse, en devenant l'un des chefs de file de la « Jeune Génération roumaine » (un mouvement nationaliste) en 1927. À cette époque, ses articles dans la revue Vremea et le quotidien Cuvântul contribuèrent à donner une assise philosophique au « Mouvement Légionnaire » (Garde de fer) de Codreanu. On le voit alors ennemi des Lumières, des francs-maçons, du bolchévisme, et de la démocratie parlementaire (instaurée en Roumanie en 1921), influences considérées comme « d'importation étrangère », et partisan de « l'insurrection ethnique » de la majorité roumaine (globalement moins instruite) contre les minorités locales et « l'invasion juive ».
En 1933, Mircea Eliade, qui vivait avec l'actrice Sorana ?opa, s'éprit de Nina Mare?, qu'il finira par épouser. Celle-ci, dont il avait fait la connaissance par l'intermédiaire de son nouvel ami Mihail Sebastian, avait déjà une fille, Giza, d'un homme dont elle avait divorcé. Eliade décida par la suite d'adopter Giza, après quoi tous trois s'installèrent dans un appartement sis au n 141 du boulevard Dacia à Bucarest, dont Eliade s'absentera pendant un temps en 1936 pour effectuer un voyage au Royaume-Uni et en Allemagne, lors duquel il visitera pour la première fois Londres, Oxford et Berlin.
En 1937, il rencontra Julius Evola ? admirateur de Codreanu, et alors en voyage en Roumanie ? chez Nae Ionescu. Ce sera le début d'une correspondance régulière entre les deux hommes.
Dans la revue Vremea (« Le Temps » en roumain) du , il publia des écrits antimaçonniques, suggérant un rapprochement entre la « mentalité » des francs-maçons et celle des communistes russes, qu'il jugeait « monovalente » et « abstraite ».
Après avoir fait publier plusieurs contributions, généralement polémiques, dans des revues universitaires, Eliade vint à être remarqué par le journaliste Pamfil ?eicaru (ro), qui l'invita à collaborer à la revue nationaliste Cuvântul (en), connue pour l'âpreté de son ton, et qui à ce moment-là accueillait aussi des articles de Nae Ionescu.
La rencontre initiale d'Eliade, en tant que l'un des représentants de la société littéraire Criterion (1933?1934), avec l'extrême droite traditionnelle fut polémique : les conférences du groupe furent envahies par des membres de la Ligue de défense national-chrétienne d'A. C. Cuza, hostiles à ce qu'ils considéraient comme du pacifisme et lançant des insultes antisémites à certains orateurs, parmi lesquels Mihail Sebastian ; en 1933, ce dernier fut parmi les signataires d'un manifeste contre le racisme d'État de l'Allemagne nazie.
En 1934, tandis que Sebastian était publiquement insulté par Nae Ionescu, et que celui-ci avait préfacé le livre De dou? mii de ani... (« Il y a deux mille ans? ») de celui-là en y mêlant des réflexions sur la « damnation éternelle » des Juifs, Mircea Eliade condamna cette attitude d'Ionescu, et fit observer que ses références à la devise Hors de l'Église point de salut était en contradiction avec la notion de Dieu tout-puissant. En revanche, il argua que le texte d'Ionescu ne prouvait pas son antisémitisme.
En 1936, quand il commenta l'histoire primitive du royaume de Roumanie et de sa communauté juive, il déplora l'expulsion des savants juifs du sol roumain, songeant en particulier à Moses Gaster, Heimann Hariton Tiktin (en) et Laz?r ??ineanu. Mais à cette époque, l'attention d'Eliade s'était surtout focalisée sur l'idée de renouveau civilisationnel, ainsi qu'en atteste cette réplique qu'il donna à l'été 1933 à une critique antimoderniste écrite par George C?linescu :
« Tout ce que j'appelle de mes v?ux est un changement profond, une transformation complète. Mais, pour l'amour de Dieu, dans n'importe quelle direction autre que la spiritualité. »
Lui et ses amis Emil Cioran et Constantin Noica se trouvaient alors sous l'influence du Tr?irism (ro), école de pensée constituée autour des idéaux exprimés par Ionescu. Tout en étant une forme d'existentialisme, le Tr?irism était aussi une synthèse de croyances, tant traditionnelles que nouvelles, d'extrême droite. Tôt déjà, une polémique publique avait éclaté entre Eliade et Camil Petrescu : les deux adversaires cependant finirent par se réconcilier et devinrent plus tard de bons amis.
Tout comme Mihail Sebastian, qui commençait lui aussi à être sous l'influence d'Ionescu, Eliade gardait des contacts avec des intellectuels de tout l'éventail politique : à leur entourage appartenaient ainsi les personnalités de droite Dan Botta (en) et Mircea Vulc?nescu, les apolitiques Camil Petrescu et Ionel Jianu, et encore Belu Zilber (en), qui était membre du Parti communiste roumain illégal. Le groupe comprenait aussi Haig Acterian (en), Mihail Polihroniade (en), Petru Comarnescu (en), Marietta Sadova (ro) et Floria Capsali. Eliade était proche également de Marcel Avramescu, anciennement écrivain surréaliste, qu'il initia à l'?uvre de René Guénon. Avramescu, docteur en sciences kabbalistiques et futur clérical orthodoxe roumain, se joignit à Eliade pour éditer l'éphémère magazine ésotérique Memra (le seul en son genre en Roumanie).
Parmi les jeunes intellectuels qui assistaient à ses cours figuraient Mihail ?ora, son étudiant préféré, Eugen Schileru (en) et Miron Constantinescu, qui se feront plus tard un nom en tant que, respectivement, philosophe, critique d'art, et sociologue et personnalité politique du futur régime communiste. Mariana Klein, qui deviendra l'épouse de ?ora, était aussi l'une des étudiantes d'Eliade et sera plus tard l'auteur d'ouvrages sur son activité universitaire.
Ultérieurement, Eliade racontera qu'il avait lui-même enrôlé Belu Zilber comme contributeur à Cuvântul, dans le but de permettre à celui-ci de resituer les sujets traités par le journal dans une perspective marxiste. Leurs rapports cependant s'aigrirent en 1935, après que Zilber eut publiquement accusé Eliade de remplir l'office d'agent de la police secrète, la Siguran?a Statului (en) ; à cette assertion, Sebastian rétorqua en affirmant que Zilber était lui-même un agent secret, à la suite de quoi ce dernier se rétracta.
Les articles rédigés par Eliade avant et après son adhésion aux principes de la Garde de fer (ou du Mouvement légionnaire, appellation alors plus usuelle), et dont le premier en date est Itinerar spiritual (« Itinéraire spirituel », paru en plusieurs livraisons dans Cuvântul en 1927), sont axés autour des différents idéaux politiques prônés par l'extrême droite. Ils dénotent son rejet du libéralisme et des objectifs de modernisation de la Révolution roumaine de 1848 (perçus comme une « apologie abstraite de l'humanité » et comme une « imitation simiesque de l'Europe occidentale »), de même que de la démocratie elle-même (qu'il accusait d'« avoir pour effet d'écraser toute tentative de renaissance nationale »), et chantent les louanges de l'Italie fasciste de Benito Mussolini au motif qu'en Italie, selon Eliade, « celui qui pense par lui-même est promu aux plus hautes fonctions dans le plus bref délai ». Il s'y déclare partisan d'un État nationaliste ethnique s'appuyant sur l'Église orthodoxe (en 1927 en effet, en dépit de son intérêt toujours vif pour la théosophie, il conseilla « le retour à l'Église » aux jeunes intellectuels), point de vue qu'il opposa au nationalisme laïc de Constantin R?dulescu-Motru (en), entre autres ; désignant son idéal national spécifique par le terme de roumanianisme, Eliade voyait cet idéal, en 1934 encore, comme n'étant « ni du fascisme, ni du chauvinisme ».
Eliade se montrait en particulier insatisfait du taux de chômage sévissant chez les intellectuels, dont les carrières dans les institutions subventionnées par l'État avaient été rendues précaires par suite de la Grande Dépression.
En 1936, Eliade devint la cible d'une campagne hostile dans la presse d'extrême droite pour s'être rendu coupable de « pornographie » dans ses romans Domni?oara Christina (en) et Isabel ?i apele diavolului, tandis que des accusations similaires était lancées contre d'autres personnalités du monde de la culture, telles que Tudor Arghezi et Geo Bogza (en). Aussi les évaluations contemporaines de l'?uvre d'Eliade apparaissent-elles fort contrastées, quand on songe que cette même année 1936, Eliade se vit décerner un prix par la Société des écrivains roumains, dont il était membre depuis 1934. À l'été 1937, par l'effet d'une décision officielle consécutive aux accusations susmentionnées, et malgré les protestations d'étudiants, il fut suspendu de ses fonctions à l'université. Eliade cependant décida de poursuivre en justice le ministère de l'Instruction publique, requérant des dommages et intérêts symboliques de 1 leu ; ayant gagné son procès, il put réintégrer son poste d'assistant auprès de Ionescu.
Ce nonobstant, il apporta en 1937 ouvertement sa caution intellectuelle à la Garde de fer, qu'il dit considérer comme « une révolution chrétienne visant à créer une nouvelle Roumanie » et comme un groupe capable « de réconcilier la Roumanie avec Dieu ». Les articles de sa main qui parurent à cette époque dans des publications de la Garde de fer telles que Sfarm? Piatr? et Buna Vestire (en), renferment de longs éloges aux dirigeants du mouvement, notamment Corneliu Zelea Codreanu, Ion Mo?a (en), Vasile Marin et Gheorghe Cantacuzino-Gr?nicerul (en). La trajectoire ainsi suivie par Eliade coïncidait en fait avec celle de ses proches collaborateurs et d'une grande partie des intellectuels de sa génération, avec les notables exceptions de Petru Comarnescu (en), du sociologue Henri H. Stahl (en), du futur auteur dramatique Eugène Ionesco et de Mihail Sebastian.
Il finit par adhérer au parti Totul pentru ?ar? (litt. Tout pour le pays), bras politique de la Garde de fer, et appuya la campagne électorale de celui-ci en vue des élections générales de 1937 dans le jude? de Prahova, ainsi qu'en atteste le fait que son nom figure sur une liste, publiée dans Buna Vestire, recensant les membres du parti investis de responsabilités à l'échelon du jude?.
Ses agissements au sein de la Garde de fer lui valurent d'être arrêté le et brièvement incarcéré, dans le cadre d'un ensemble de mesures répressives contre la Garde de fer décidées avec l'accord du roi Carol II. Au moment de son arrestation, il venait d'interrompre dans la revue Vremea sa chronique sur Provincia ?i legionarismul (« la Province et l'Idéologie légionnaire »), et avait été identifié par le premier ministre Armand C?linescu comme propagandiste de la Garde de fer.
Eliade fut retenu pendant trois semaines dans une cellule au siège de la Siguran?a Statului (en), pour l'amener à signer une « déclaration de dissociation » d'avec la Garde de fer, mais Eliade s'y refusa. Dans la première semaine d'août, il fut transféré vers un camp de fortune à Miercurea-Ciuc. Lorsqu'il se mit à expectorer du sang en , il fut admis dans un hôpital à Moroeni. Ensuite, le , il fut simplement remis en liberté et travailla alors à écrire sa pièce de théâtre Iphigenia (également orthographié Ifigenia).
En , après que la Garde de fer fut arrivée au pouvoir en même temps que fut instaurée la dictature militaire de Ion Antonescu (l'État national légionnaire, Statul Na?ional Legionar), Eliade est nommé, grâce au concours d'Alexandru Rosetti, attaché culturel du régime auprès de la légation de Roumanie à Londres, poste auquel il sera mis fin bientôt à la suite de la rupture des relations diplomatiques entre la Roumanie et la Grande-Bretagne. Son séjour à Londres avait cependant duré assez de temps pour permettre aux services secrets britanniques de le cataloguer comme « le plus nazi » des membres de la légation roumaine.
Après avoir quitté la capitale britannique, il remplit la fonction de Conseiller et de Responsable de presse (ultérieurement d'Attaché culturel) à l'ambassade de Roumanie au Portugal à Lisbonne, de jusqu'à la fin de la Seconde Guerre mondiale, d'abord comme diplomate au service de l'État national légionnaire, puis enfin au service du régime d'Ion Antonescu. Sa fonction consistait à diffuser de la propagande en faveur de l'État roumain.
En , plusieurs semaines après que la sanglante rébellion légionnaire eut été écrasée par Antonescu, Iphigenia fut montée au Théâtre national de Bucarest ; cependant, la pièce fut bientôt soupçonnée d'avoir été inspirée par l'idéologie de la Garde de fer, voire d'avoir été inscrite au programme du théâtre comme tentative de subversion légionnaire.
En 1942, il rédigea un livre à la gloire de « l'État chrétien et totalitaire » de Salazar (Salazar ?i revolu?ia în Portugalia, 1942), où il affirme que « l'État salazarien, qui est un État chrétien et totalitaire, est fondé d'abord et au premier chef sur l'Amour ». Le de la même année, il fut reçu par Salazar lui-même, qui le chargea de transmettre à Antonescu son conseil de retirer l'armée roumaine du front de l'est (« [À sa place], je ne la laisserais pas s'enliser en Russie »). Eliade indiqua que ces contacts avec un chef d'État d'un pays neutre l'avaient placé dans le collimateur de la Gestapo, mais qu'il réussit néanmoins à communiquer l'avertissement de Salazar à Mihai Antonescu, le ministre des Affaires étrangères de Roumanie.
À l'automne 1943, il se rendit dans la France occupée, où il rejoignit Emil Cioran, et où il rencontra également l'universitaire Georges Dumézil et l'écrivain collaborateur Paul Morand. Dans le même temps, il se porta candidat pour un poste de chargé de cours à l'université de Bucarest, puis se retira de la compétition, laissant Constantin Noica et Ion Zamfirescu concourir seuls au poste, devant un comité d'évaluation composé entre autres de Lucian Blaga et de Dimitrie Gusti (en) (le choix qui, à l'encontre de la recommandation de Blaga, se porta finalement sur Zamfirescu, sera sujet à controverse). Dans ses notes personnelles, Eliade écrivit qu'il avait cessé de s'intéresser à cette fonction, car ses visites à l'étranger lui avaient fait comprendre qu'il avait « quelque chose de grand à dire », et qu'il ne pouvait fonctionner au-dedans « d'une culture mineure ». Toujours pendant la guerre, Eliade fit un voyage à Berlin, où il eut une entrevue avec le controversé théoricien politique Carl Schmitt, et visita fréquemment l'Espagne de Franco, où il assista notamment au congrès scientifique lusitano-espagnol tenu à Cordoue en 1944. C'est d'ailleurs à Lisbonne et lors de ses voyages en Espagne qu'Eliade fit la rencontre des philosophes José Ortega y Gasset et Eugenio d'Ors, gardant par la suite avec ce dernier des liens d'amitié et le contactant encore à plusieurs reprises après la guerre.
Son épouse Nina Eliade tomba malade d'un cancer de l'utérus et mourut durant leur séjour à Lisbonne fin 1944. Ainsi que le veuf le notera plus tard, la maladie fut sans doute provoquée par une opération d'avortement qu'elle avait subie au début de leur vie en couple. Il succomba alors à des crises de dépression, qui s'exacerbèrent quand la Roumanie et les alliés de l'Axe subirent de lourdes défaites sur le front de l'est. S'il envisagea de retourner en Roumanie comme soldat ou comme moine, il restait dans le même temps continuellement en quête d'antidépresseurs efficaces, et sans cesser de se soigner lui-même à l'aide d'extraits de passiflore, et, pour finir, de méthamphétamine. Vraisemblablement ne s'agissait-il pas là de sa première expérience avec la drogue : de certaines mentions dans ses carnets, au demeurant assez vagues, il a pu être inféré que Mircea Eliade consomma de l'opium lors de son voyage pour Calcutta. Plus tard, commentant l'?uvre d'Aldous Huxley, Eliade écrivit que la mescaline dont l'auteur britannique avait fait usage comme source d'inspiration avait quelque chose de commun avec sa propre expérience, pour laquelle il indiqua 1945 comme date de référence, ajoutant qu'il était « superflu d'expliquer pourquoi ».
Dès qu'apparurent des signes permettant d'augurer que le régime communiste avait pris pied durablement en Roumanie, Eliade choisit de ne pas retourner dans le pays. Le , il s'installa à Paris avec sa fille adoptive Giza, et Georges Dumézil l'invita à la V section de l'École pratique des hautes études pour y présenter les premiers chapitres de ce qui deviendra plus tard son Traité d'histoire des religions.
La même année, il rédige en effet, en roumain d'abord, les Prolégomènes à l'histoire des religions, qui paraîtront par la suite en français sous le titre de Traité d'histoire des religions (1949) avec une préface de Dumézil. En 1949, il se fit particulièrement connaître du public français avec la parution chez Gallimard de son essai sur le Mythe de l'éternel retour. En 1956, il fit paraître son ouvrage le plus célèbre, le Sacré et le Profane (Gallimard, 1956). Certains ont indiqué qu'il n'était pas inhabituel pour lui à cette époque de travailler jusqu'à 15 heures par jour. Eliade convola en secondes noces avec l'exilée roumaine Christinel Cotescu, qui était descendante de boyards et la belle-s?ur du chef d'orchestre Ionel Perlea.
À partir de cette période, Eliade et son épouse Christinel Cottesco voyagèrent en Europe et aux États-Unis, poursuivant leurs recherches, tout en étant sollicités de part et d'autre pour des conférences et des colloques.
Avec Emil Cioran et d'autres expatriés roumains, Eliade se rallia à l'ancien diplomate Alexandru Busuioceanu (en) et l'aida à diffuser des opinions anti-communistes auprès du public ouest-européen. Il s'impliqua également, pour une brève période, dans la parution d'une revue en langue roumaine, intitulée Luceaf?rul (« l'Étoile du matin ») et reprit contact avec Mihail ?ora, qui s'était vu octroyer une bourse pour étudier en France, et avec la femme de celui-ci, Mariana. En 1947, en butte à des difficultés matérielles, il trouva, par l'entremise d'Ananda Coomaraswamy, un emploi de professeur de français aux États-Unis, dans une école de l'Arizona ; cet arrangement toutefois prit fin à la mort de Coomaraswamy en septembre.
À partir de 1948, il écrivit pour la revue Critique, créée et éditée par Georges Bataille. L'année suivante, il partit visiter l'Italie, où il rédigea les 300 premières pages de son roman Forêt interdite, et qu'il visitera une troisième fois en 1952. Durant ces mêmes années, il fréquentait régulièrement, à partir de 1950, après avoir été recommandé par Henry Corbin en 1949, les rencontres d'Eranos (fondées par Carl Gustav Jung) à Ascona en Suisse, où il put rencontrer, outre Jung, Olga Fröbe-Kapteyn, Gershom Scholem et Paul Radin, et qu'il décrira comme « l'une des expériences culturelles les plus créatives du monde occidental moderne ». Il collabora par ailleurs au magazine Antaios édité par Ernst Jünger.
En , il déménagea pour les États-Unis, et s'installa l'année suivante à Chicago, ayant en effet été invité par Joachim Wach à prononcer une série de conférences dans l'institution à laquelle celui-ci appartenait, l'université de Chicago. Il est généralement admis qu'Eliade et Wach ont été les fondateurs de l'école de Chicago, laquelle jeta les fondements de ce qui deviendra l'étude des religions dans la deuxième moitié du XX siècle. À la suite de la mort de Wach, survenue en 1955 avant que lesdites conférences eussent été prononcées, Eliade fut nommé son remplaçant, et prit en 1964 le titre de Sewell Avery Distinguished Service Professor of the History of Religions. À partir de 1954, après la parution de la première édition de son ouvrage sur l'éternel retour, Eliade connut aussi le succès commercial : le livre eut plusieurs rééditions, sous des titres différents, et se vendit à plus de 100 000 exemplaires.
Devenu membre de l'Académie américaine des arts et des sciences en 1966, Mircea Eliade fut également appelé à diriger l'Encyclopedia of Religion, qui paraissait aux éditions Macmillan, et enseigna en 1968 l'histoire religieuse à l'université de Californie à Santa Barbara. C'est aussi durant cette même période que Mircea Eliade acheva de rédiger sa volumineuse et influente History of Religious Ideas (trad. française sous le titre Histoire des croyances et des idées religieuses, 1976), où il présente un aperçu de ses principales thèses originales sur l'histoire des religions. À quelques occasions, il voyagea hors des États-Unis, notamment afin d'assister au congrès sur l'histoire des religions à Marbourg en 1960, et pour visiter la Suède et la Norvège en 1970.
Au début, Eliade fut violemment attaqué par la presse du Parti communiste roumain, principalement par România Liber?, qui le qualifia d'« idéologue des gardes de Fer, ennemi de la classe ouvrière, apologue de la dictature de Salazar ». Cependant, dans le même temps, le régime entreprit des démarches secrètes pour s'assurer son soutien ainsi que celui de Cioran ; la metteuse en scène de théâtre Marietta Sadova (ro), veuve du metteur en scène fasciste Haig Acterian (en), fut envoyée à Paris avec mission de rétablir le contact avec les deux hommes. Bien que ces rencontres eussent été organisées par les autorités roumaines, elles allaient par la suite être exploitées comme preuves contre elle lors du procès qui lui sera intenté en pour trahison (et où Constantin Noica et Dinu Pillat (en) allaient être ses principaux défenseurs). La police secrète roumaine, la Securitate, décrivit Eliade comme un espion au service du Secret Intelligence Service britannique et un ancien agent de la Gestapo.
Ensuite cependant, sous la présidence de Gheorghe Gheorghiu-Dej au début des années 1960, il bénéficia d'une lente réhabilitation dans son pays d'origine. Au cours de la décennie 1970, Eliade fut approché de diverses façons par le régime de Nicolae Ceau?escu, afin de l'amener à retourner en Roumanie. Cette nouvelle démarche était motivée par la nouvelle ligne nationaliste officielle et par l'aspiration de la Roumanie à l'indépendance vis-à-vis du bloc de l'Est, ces deux phénomènes portant le gouvernement roumain à voir dans le prestige d'Eliade un atout politique. L'entretien que Mircea Eliade accorda au poète Adrian P?unescu, durant la visite de celui-ci à Chicago en 1970, constitua un événement sans précédent ; Eliade complimenta P?unescu à la fois pour son militantisme et pour son adhésion aux dogmes officiels, et déclara estimer que
« la jeunesse d'Europe de l'Est est incontestablement supérieure à celle de l'Europe occidentale. [...] Je suis convaincu que dans dix ans la jeune génération révolutionnaire ne se comportera pas comme le fait aujourd'hui la minorité bruyante des contestataires occidentaux. [...] La jeunesse de l'Est a assisté à l'abolition des institutions traditionnelles, a accepté cela [...] et n'est pas satisfaite des structures mises en place, mais cherche plutôt à les améliorer. »
La visite de P?unescu à Chicago fut suivie par celle de l'écrivain nationaliste officiel Eugen Barbu, puis par celle d'un ami d'Eliade, Constantin Noica, qui venait d'être libéré de prison. Eliade envisagea alors de retourner en Roumanie, mais ses compagnons intellectuels roumains en exil (parmi lesquels Virgil Ierunca, de Radio Free Europe, et Monica Lovinescu) surent finalement le persuader de repousser les avances communistes. En 1977, se joignant à d'autres intellectuels roumains exilés, il signa un télégramme de protestation contre les mesures de répression nouvellement prises par le régime de Ceau?escu. En 2007, l'anthropologue roumain Andrei Oi?teanu relata comment, vers 1984, la Securitate fit ? en vain ? pression sur lui pour qu'il devînt un agent d'influence au sein même du cercle de Chicago qui s'était constitué autour d'Eliade.
Dans la dernière partie de sa vie, le passé fasciste d'Eliade fut peu à peu dévoilé publiquement, provoquant chez lui une tension nerveuse qui contribua sans doute à la détérioration de son état de santé. À partir de la même époque, sa carrière d'écrivain se trouva entravée par une grave arthrite. Le prix Bordin de l'Académie française en 1977, et le titre de docteur honoris causa décerné par l'université de Washington en 1985, seront les derniers honneurs académiques qui lui seront conférés.
Mircea Eliade s'éteignit à l'hôpital Bernard Mitchell de Chicago en . Huit jours auparavant, il avait été victime d'une apoplexie alors qu'il lisait les Exercices d'admiration d'Emil Cioran, et perdit ensuite sa faculté de parole. Quatre mois plus tôt, un incendie avait partiellement détruit son bureau à l'école de théologie Meadville Lombard, événement qu'il avait interprété comme un présage. Son disciple roumain Ioan Petru Culianu (en), lorsqu'il évoqua la réaction de la communauté scientifique à la nouvelle de cette mort, décrivit le décès d'Eliade comme « un mahaparanirvana », le comparant ainsi au passage de Gautama Buddha. Son corps fut incinéré à Chicago, et les obsèques furent célébrées sur le site de l'Université, dans la chapelle Rockefeller. La cérémonie, à laquelle assistèrent quelque 1 200 personnes, comporta la lecture publique du texte d'Eliade dans lequel il évoque l'épiphanie de son enfance, lecture publique effectuée par le romancier Saul Bellow, son collègue à l'université. Sa tombe se trouve dans le cimetière de Oak Woods, dans le quartier de Greater Grand Crossing à Chicago.
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