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Marc Ferro
Marc Ferro en 2012.
Fonction
Directeur d'études
École des hautes études en sciences sociales
Biographie
Naissance
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8e arrondissement de Paris (Paris, Île-de-France, France)Voir et modifier les données sur Wikidata
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 96 ans)
Maisons-Laffitte (Yvelines, Île-de-France, France)Voir et modifier les données sur Wikidata
Sépulture
Les MureauxVoir et modifier les données sur Wikidata
Nom de naissance
Marc Roger FerroVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
françaiseVoir et modifier les données sur Wikidata
Formation
Université Grenoble-Alpes
École pratique des hautes études
Lycée CarnotVoir et modifier les données sur Wikidata
Activités
Historien, professeur d'université, réalisateur de cinéma, résistant, scénaristeVoir et modifier les données sur Wikidata
Autres informations
A travaillé pour
Annales. Histoire, Sciences sociales (à partir de )
École polytechnique (-)
École pratique des hautes études (à partir de )
Centre national de la recherche scientifique (-)
Lycée Rodin de Paris
Lycée Montaigne
École des hautes études en sciences sociales
Cahiers du monde russe et soviétique (d)
Institut national de l'audiovisuelVoir et modifier les données sur Wikidata
Membre de
Academia Europaea ()Voir et modifier les données sur Wikidata
Conflit
Seconde Guerre mondialeVoir et modifier les données sur Wikidata
Distinctions
Liste détaillée
Officier de l'ordre national du Mérite ()
Doctorat honoris causa de l'université Bordeaux-Montaigne ()
Prix Saint-Simon ()
Chevalier de la Légion d'honneur?
Officier des Palmes académiques
Chevalier des Arts et des Lettres
Docteur honoris causa de l'université d'État de MoscouVoir et modifier les données sur Wikidata

Marc Ferro, né le à Paris 8 et mort le à Maisons-Laffitte, est un enseignant-chercheur et historien français. Directeur d'études de l'École des hautes études en sciences sociales, il est spécialiste de la Russie, de l'URSS et de l'histoire du cinéma.

Biographie

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Jeunesse marquée par la Seconde Guerre mondiale

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Marc Roger Ferro naît au 47, rue du Rocher à Paris, dans le 8 arrondissement. Son père, Jacques Ferro, né le à Corfou (Grèce), est un agent de change italo-grec. Sa mère, Netty Firman (ou Oudia Fridmann), née le à Novohrad-Volynskyï (alors dans l'Empire russe, aujourd'hui en Ukraine), est première modéliste dans la maison de couture Worth. Marc Ferro a cinq ans lorsque son père meurt. Sa mère se remarie.

En 1941, Marc Ferro habite Paris avec sa mère et son beau-père. Il est élève au lycée Carnot. Il est menacé par la politique antisémite du régime de Vichy en raison de son origine juive par sa mère. Son professeur de philosophie au lycée Carnot, Maurice Merleau-Ponty, recommande aux lycéens d'origine juive de se cacher en zone libre. Un ami de sa mère, André Bordessoule, pourtant rédacteur en chef d'un journal antisémite, lui propose de traverser la ligne de démarcation dans le coffre de sa voiture pour rejoindre Saint-Yrieix, la ville dont il est maire. Parvenu en zone non occupée, Marc Ferro se rend à Grenoble où il poursuit ses études. Sa mère est détenue à la caserne des Tourelles à Paris, puis déportée, par le convoi n 55, en date du , de Drancy vers Auschwitz, où elle meurt le . Toute sa vie, il refusera de connaître les circonstances de la mort de sa mère.

C'est à la faculté des lettres et sciences humaines de l'Université de Grenoble que Marc Ferro prépare sa licence d'histoire-géographie. Âgé de 19 ans en 1944, il est sous la menace d'une réquisition par le Service du travail obligatoire (STO). Une amie communiste, Annie Kriegel, anime un réseau de résistants à Grenoble. Elle le recrute en raison de sa connaissance de la langue allemande. Il est chargé d'identifier des cibles potentielles pour le réseau parmi les soldats qui stationnent aux portes de la ville. Mais une partie du réseau est arrêtée et Marc Ferro, à partir de début juillet 1944, part rejoindre la Résistance dans le maquis du Vercors. Sa capacité à lire les cartes d'état-major décide de son affectation. Il reçoit pour mission de pointer avec précision sur les cartes les mouvements des forces en présence. Il est aussi chargé de transmettre les ordres du lieutenant-colonel François Huet, alias Hervieux, commandant la défense du Vercors. Quelques jours à peine après l'arrivée de Marc Ferro, l'armée allemande prend d'assaut le massif du Vercors pour réduire entièrement le bastion de la résistance. Marc Ferro effectue de périlleux ravitaillements. Le réseau reçoit l'ordre de se disperser. Marc Ferro retourne alors à Grenoble. Il participe à la libération de Lyon, alors déserté par les Allemands, le , puis reprend ses études et devient ensuite professeur d'histoire.

Après la guerre, il épouse le Yvonne France Blondel (1920-2021) à Déville-lès-Rouen (Seine-Maritime).

Carrière universitaire

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Il enseigne à Oran au lycée Lamoricière entre 1948 et 1956. Il y déclencha l'hilarité générale lorsqu'il annonça à ses élèves qu'ils allaient étudier ensemble la culture arabe. « Mais, m'sieur, les Arabes, ils ne sont pas civilisés? ». Il découvre l'Algérie française de l'époque et prend conscience du fait colonial. Après les événements violents de la Toussaint en 1954, il participe à la fondation de Fraternité algérienne, un mouvement progressiste dit de la troisième voie, hostile à la fois au système colonial en cours et à la guerre radicale menée par le FLN.

Bien que très attaché à cette terre, il la quitte, car il est nommé professeur à Paris, aux lycées Montaigne, puis Rodin. Après avoir enseigné à l'École polytechnique, il est directeur d'études à l'École des hautes études en sciences sociales (EHESS) ? groupe de recherches Cinéma et Histoire ?, président de l'Association pour la recherche à l'EHESS et codirecteur des Annales, où il est nommé par Fernand Braudel en 1970. Il est un utilisateur régulier de la bibliothèque de la Fondation Maison des Sciences de l'homme créée par ce dernier. Ancien directeur de l'Institut du monde soviétique et de l'Europe centrale, il est également membre élu de l'Academia Europaea.

Étude de la Révolution russe

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Concomitamment à son professorat, il travaille à sa thèse. L'historien contemporanéiste Pierre Renouvin lui propose de la consacrer à la Révolution russe de 1917.

Ainsi il se spécialise au début des années 1960 dans l'histoire soviétique, domaine dans lequel il a tenté de porter un discours non idéologique et de montrer par les archives audiovisuelles et écrites que la révolution prolétarienne est faite non par la classe ouvrière, mais par des femmes, des soldats et des paysans. Ses études dans le domaine de l'histoire sociale tranchent avec les analyses alors dominantes de l'« école » du totalitarisme.

Selon lui, l'insurrection d'Octobre ne se réduit pas au coup d'État bolchevique, car elle est indissociable du mouvement révolutionnaire et populaire en cours. Il analyse également le processus de bureaucratisation-absolutisation du pouvoir à partir du sommet, mais aussi de la base. Il n'en consteste pas moins dans deux ouvrages et un article le massacre de la famille impériale russe à Ekaterinbourg en juillet 1918. D'après ses analyses et l'examen d'archives inédites, seul le tsar russe Nicolas II a été fusillé, quand sa famille d'ascendance germanique a été épargnée et transférée à Perm pour un échange avec l'Allemagne.

Engagement politique

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Il s'affirme de gauche non communiste. En , lors de la campagne présidentielle française, il signe avec 150 intellectuels un appel à voter pour la candidate socialiste Ségolène Royal, « contre une droite d'arrogance », pour « une gauche d'espérance » après avoir soutenu en 2002, la candidature de Jean-Pierre Chevènement.

Autres engagements

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Marc Ferro dans les années 1970.

En , il fait partie des 34 signataires de la déclaration rédigée par Léon Poliakov et Pierre Vidal-Naquet pour démonter la rhétorique négationniste de Robert Faurisson. Il est plus tard l'un des auteurs de la pétition Liberté pour l'histoire.

Mort

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Marc Ferro meurt dans la nuit du à Maisons-Laffitte, « emporté par une complication du Covid-19 ».

  1. ? « Les débuts de Marc Ferro », sur historia (consulté le ).
  2. ? « 1. Marc Ferro : Un peu comme les romans au 19 siècle apprenaient sur la société française, les films apprennent sur la société du 20 siècle », sur France Culture, (consulté le ).
  3. ? L'Histoire n°188, mai 1995, p.20
  4. ? Son père est mort en 1930. Entretien de Marc Ferro, « La guerre de Marc Ferro », L'Histoire, n 39/4, décembre 2013, p. 26-27.
  5. ? Témoignage de Marc Ferro dans Hiver 42/43 - L'espoir change de camp (Allemagne, 2012, 89 min) WDR, réalisateurs : Mathias Haentjes, Nina Koshofer.
  6. ? L'Histoire n°188, mai 1995, p.20 : "Dans la tourmente de la Seconde guerre mondiale, Marc Ferro devra d'avoir la vie sauve à son professeur de philosophie au lycée Carnot, Maurice Merleau-Ponty. Un jour, en pleine classe, il a recommandé à ceux qui avaient un père ou une mère israélite de se cacher en zone libre"
  7. ? Erwan Barillot, « 1940-1944 : un historien engagé. Entretiens avec Marc Ferro (2/5) », Hérodote.net,‎ (lire en ligne).
  8. ? Henri Habrias, « Marc Ferro à St-Yrieix chez le maire André Bordessoule », Saint-Yrieix-la-perche, le blog,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  9. ? L'Histoire n°188, mai 1995, p.20 : "
  10. ? Voir, Serge Klarsfeld. Le Mémorial de la déportation des Juifs de France. Beate et Serge Klarsfeld : Paris, 1978. Nouvelle édition, mise à jour, avec une liste alphabétique des noms. FFDJF (Fils et Filles des Déportés Juifs de France), 2012.
  11. ? Arrêté du 23 avril 2013 portant apposition de la mention « Mort en déportation » sur les actes et jugements déclaratifs de décès, JORF n 0162, 14 juillet 2013, p. 11826, texte n 23, sur Légifrance : « Ferro, née Firdmann (Oudia) le à Novogradvolinsk (Russie), décédée le à Auschwitz (Pologne) ».
  12. ? L'Histoire n°188, mai 1995, p.20 : "Marc Ferro n'a jamais voulu connaître les circonstances exactes de cette fin tragique. Aujourd'hui encore, il s'interdit de lire les livres sur le génocide, ou de questionner des survivants. "La douleur me submergerait" avoue-t-il."
  13. ? « Entretien avec Marc Ferro et Pierre Sorlin », sur OpenEdition.
  14. ? L'Histoire n°188, mai 1995, p.20 : "L'historien se souvient de tout : la progression prudente le long des maisons d'une ville désertée par les Allemands."
  15. ? Philippe-Jean Catinchi, « Autopsie de l'idéologie coloniale », Le Monde,‎ (lire en ligne Accès limité, consulté le ).
  16. ? Sophie Coeuré, Martine Lemaître, Marie-Hélène Mandrillon, Rosa Olmos, Valérie Tesnière et Laurent Véray, « Dans l'atelier de Marc Ferro, Journée d'étude, 7 mars 2017, Université Paris-Nanterre », Matériaux pour l'histoire de notre temps, vol. 125-126,‎ , p. 63-70 (ISSN 1952-4226, lire en ligne, consulté le ).
  17. ? « La révolution de février : entretien avec Marc Ferro », sur lhistoire.fr, .
  18. ? La Révolution de 1917, Aubier, Paris, 1967.
  19. ? Des Soviets au communisme bureaucratique : les mécanismes d'une subversion, Gallimard et Julliard, Paris, 1980.
  20. ? Marc Ferro, Nicolas II, Seuil 1990 ; La vérité sur la tragédie des Romanov Paris, Tallandier 2012
  21. ? "La deuxième mort de Nicolas II" dansLes tabous de l'Histoire, Editions Nils 2002
  22. ? Anne-Claude Ambroise-Rendu et Isabelle Veyrat-Masson, « Entretien avec Marc Ferro : guerre et images de guerre », Le Temps des médias, vol. 4, n 1,‎ , p. 239-251 (lire en ligne).
  23. ? « Avant qu'il ne soit trop tard », sur L'Obs, (consulté le ).
  24. ? Valérie Igounet, Histoire du négationnisme en France, Paris, Le Seuil, coll. « La Librairie du XX siècle », , 691 p. (ISBN 2-02-035492-6), p. 237.
  25. ? « Mort de l'historien Marc Ferro, spécialiste de l'histoire du XX siècle, à 96 ans », sur Le Figaro.
  26. ? « L'historien français Marc Ferro est mort », Le Monde,‎ (lire en ligne).
  27. ? « L'historien Marc Ferro, spécialiste de la Russie et du cinéma, est mort », sur Le Point, .
  28. ? Insee, « Acte de décès de Marc Roger Ferro », sur MatchID (consulté le ).


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