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Gustave Flaubert
Gustave Flaubert photographié par Nadar.
Biographie
Naissance
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RouenVoir et modifier les données sur Wikidata
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 58 ans)
CroissetVoir et modifier les données sur Wikidata
Sépulture
Cimetière monumental de RouenVoir et modifier les données sur Wikidata
Surnom
« L'ermite de Croisset »
Nationalité
françaiseVoir et modifier les données sur Wikidata
Domiciles
Paris (à partir de ), Canteleu (-), Reims, RouenVoir et modifier les données sur Wikidata
Formation
Lycée François-Ier
Faculté de droit de Paris (d)
Lycée Pierre-Corneille de RouenVoir et modifier les données sur Wikidata
Activités
Romancier, écrivain, dramaturgeVoir et modifier les données sur Wikidata
Père
Achille Cléophas FlaubertVoir et modifier les données sur Wikidata
Fratrie
Achille Flaubert (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Autres informations
Conflit
Guerre franco-allemande de 1870Voir et modifier les données sur Wikidata
Mouvement
RéalismeVoir et modifier les données sur Wikidata
Maître
Adolphe ChéruelVoir et modifier les données sur Wikidata
Adjectifs dérivés
Flaubertien, flaubertin (plus rare), flaubertiste
Distinctions
Chevalier de la Légion d'honneur? ()
Grand prix des Meilleurs romans du XIXe siècle (d) ()Voir et modifier les données sur Wikidata
Archives conservées par
Bibliothèque historique de la Ville de Paris (MS-FS-10)Voir et modifier les données sur Wikidata
?uvres principales
  • Madame Bovary (1857)
  • Salammbô (1862)
  • L'Éducation sentimentale (1869)
  • Trois Contes (1877)
  • Bouvard et Pécuchet (1881)
  • "La Correspondance de Flaubert"
signature de Gustave Flaubert
Signature
Vue de la sépulture.

Gustave Flaubert est un écrivain français né à Rouen le 12 décembre 1821 et mort à Croisset, lieu-dit de la commune de Canteleu, le . Considéré, avec Victor Hugo, Stendhal, Balzac et Zola, comme l'un des plus grands romanciers français du XIX siècle, Flaubert se distingue par sa conception du métier d'écrivain et la modernité de sa poétique romanesque.

Prosateur de premier plan de la seconde moitié du XIX siècle, Gustave Flaubert a marqué la littérature universelle par la profondeur de ses analyses psychologiques, son souci de réalisme, son regard lucide sur les comportements des individus et de la société. La force de son style se révèle dans de grands romans comme Madame Bovary (1857), Salammbô (1862), L'Éducation sentimentale (1869) ou le recueil de nouvelles Trois Contes (1877).

Biographie

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Jeunesse

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Gustave Flaubert vers 13-14 ans.

Né en 1821 dans une famille de la bourgeoisie rouennaise, Gustave Flaubert est le cinquième enfant d'Achille Cléophas Flaubert (1784-1846), chirurgien-chef très occupé à l'Hôtel-Dieu de Rouen, et de son épouse, Anne Justine Caroline Fleuriot (1793-1872), fille d'un médecin de Pont-l'Évêque. Il est le deuxième enfant du couple à ne pas mourir précocement.

Il naît le après une s?ur et deux frères décédés en bas âge, et est délaissé en faveur de son frère aîné, brillant élève admiré par la famille (prénommé Achille comme son père, à qui il succédera d'ailleurs comme chirurgien chef de l'Hôtel-Dieu de Rouen). Gustave Flaubert passe une enfance sans joie, marquée par l'environnement sombre de l'appartement de fonction de son père à l'hôpital de Rouen, mais adoucie par sa complicité avec sa s?ur cadette, Caroline, née trois ans après lui.

Adolescent aux exaltations romantiques, il est déjà attiré par l'écriture au cours d'une scolarité vécue sans enthousiasme comme interne au Collège royal, puis au lycée de Rouen, à partir de l'année 1832. Il y rencontre Ernest Chevalier, avec qui il fonde, en 1834, Art et Progrès, un journal manuscrit où il fait paraître son premier texte public. Il est renvoyé en , pour indiscipline, et passe seul le baccalauréat, en 1840. Après sa réussite à l'examen, ses parents lui financent un voyage dans les Pyrénées et en Corse, que Flaubert relate dans un ouvrage de jeunesse publié de manière posthume sous le nom de Voyage dans les Pyrénées et en Corse ou dans certaines éditions de Mémoires d'un fou.

Le premier événement notable dans sa jeunesse est sa rencontre à Trouville-sur-Mer, durant l', d'Élisa Schlésinger qu'il aime d'une passion durable et sans retour. Il transpose d'ailleurs cette passion muette, avec la charge émotionnelle qu'elle a développée chez lui, dans son roman L'Éducation sentimentale, en particulier dans la page célèbre de « l'apparition » de madame Arnoux au regard du jeune Frédéric et dans leur dernière rencontre poignante.

Formation

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Dispensé de service militaire grâce au tirage au sort qui lui est favorable, Flaubert entreprend sans conviction, en 1841, des études de droit à Paris, ses parents souhaitant qu'il devienne avocat. Il y mène une vie de bohème agitée, consacrée à l'écriture. Il y rencontre des personnalités dans le monde des arts, comme le sculpteur James Pradier, et celui de la littérature, comme l'écrivain Maxime Du Camp, qui devient son grand ami, et le poète et auteur dramatique Victor Hugo. Il abandonne le droit, qu'il abhorre, en après une première grave crise d'épilepsie. Il revient à Rouen, avant de s'installer en à Croisset, au bord de la Seine, à quelques kilomètres en aval de Rouen, dans une maison que lui achète son père. Il y rédige quelques nouvelles et une première version de L'Éducation sentimentale. Au début de l'année 1846 meurent, à peu de semaines d'intervalle, son père puis sa jeune s?ur (deux mois après son accouchement ? Gustave prendra la charge de sa nièce, Caroline). Son père laisse en héritage une fortune évaluée à 500 000 francs : il peut désormais vivre de ses rentes et se consacrer entièrement à l'écriture. C'est également au printemps de cette année que commence sa liaison houleuse et intermittente sur une dizaine d'années avec la poétesse Louise Colet. Jusqu'à leur rupture ? sa dernière lettre à Louise Colet est datée du ?, il entretient avec elle une correspondance considérable dans laquelle il développe son point de vue sur le travail de l'écrivain, les subtilités de la langue française et ses vues sur les rapports entre hommes et femmes. Gustave Flaubert, au physique de plus en plus massif, est cependant un jeune homme sportif : il pratique la natation, l'escrime, l'équitation, la chasse?

Il se rend à Paris avec son ami Louis-Hyacinthe Bouilhet pour assister à la Révolution de 1848. Il lui porte un regard très critique que l'on retrouve dans L'Éducation sentimentale. Poursuivant ses tentatives littéraires, il reprend entre et la première version commencée en 1847 de La Tentation de saint Antoine inspirée par un tableau qu'il a vu à Gênes en 1843 au cours du voyage de noces de sa s?ur qu'il a accompagnée avec sa famille. Puis, Gustave Flaubert organise, avec Maxime Du Camp, un long voyage en Orient qui se réalise entre 1849 et 1852. Dans son carnet de voyage, il fait le pari de tout dire, depuis la descente éblouissante du Nil, sa rencontre à deux reprises avec une danseuse égyptienne, Kuchuk Hanem, jusqu'à sa fréquentation des bordels. Ses observations, ses expériences et ses impressions, de ce voyage, qui le conduit en Égypte et à Jérusalem en passant, au retour, par Constantinople et l'Italie, nourrissent certains de ses écrits ultérieurs, par exemple Hérodias.

Premiers romans

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Portrait de Gustave Flaubert par Eugène Giraud, vers 1856.

Le , Flaubert, encouragé par ses amis Louis Bouilhet et Maxime Du Camp commence la rédaction de Madame Bovary, en s'inspirant d'un fait divers normand (cf. Delphine Delamare). Il achève ce roman réaliste et psychologique en mai 1856 après 56 mois de travail. Il fréquente épisodiquement les salons parisiens les plus influents du Second Empire, comme celui de Madame de Loynes dont il est très amoureux ; il y rencontre entre autres George Sand avec laquelle il entretient une riche correspondance disponible aujourd'hui. À la fin de l'année 1856, Madame Bovary paraît dans La Revue de Paris, puis, après la rencontre de Flaubert avec l'éditeur Michel Lévy, le roman sort en librairie en et est l'objet d'un procès retentissant pour atteinte aux bonnes m?urs : Flaubert est acquitté grâce à ses liens avec la société du Second Empire et avec l'impératrice, ainsi qu'à l'habileté de son avocat, tandis que Charles Baudelaire, poursuivi par le même tribunal, pour les mêmes raisons, après publication de son recueil Les Fleurs du mal au cours de la même année 1857, est condamné. À partir de la parution de Madame Bovary, Flaubert poursuit une correspondance avec Marie-Sophie Leroyer de Chantepie, femme de lettres vivant à Angers, et dévouée aux pauvres. Flaubert se partage, dès 1855, entre Croisset et Paris où il fréquente les milieux littéraires et côtoie les frères Goncourt, Sainte-Beuve, Baudelaire, Théophile Gautier, puis, à partir de 1863, Ivan Tourgueniev et la princesse Mathilde Bonaparte.

Le , Flaubert entame la rédaction de Salammbô, roman historique qui évoque la guerre des Mercenaires à Carthage, conflit qui s'est déroulé entre les première et seconde guerres puniques. Pour cela, il voyage au cours des mois d' et en Tunisie, afin de se documenter et de voir Carthage. Le roman paraît après une longue maturation, en 1862.

Écrivain reconnu et années de maturité

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Gustave Flaubert photographié par Étienne Carjat.

Deux ans plus tard, le , Flaubert entreprend la version définitive de L'Éducation sentimentale, roman de formation marqué par l'échec et l'ironie, avec des éléments autobiographiques comme sa première passion amoureuse ou son témoignage sur les débordements des révolutionnaires de 1848. Le roman est publié en  : mal accueilli par la critique et les lecteurs, il ne s'en vend que quelques centaines d'exemplaires.

Flaubert continue sa vie mondaine : il rencontre l'empereur, reçoit la Légion d'honneur en 1866 et resserre ses liens avec George Sand qui le reçoit à Nohant. En , il est très affecté par la mort de son ami Louis-Hyacinthe Bouilhet. Rien ne permet d'affirmer qu'il ait été l'amant de la mère de Guy de Maupassant, s?ur de son ami d'enfance, Alfred Le Poittevin, encore que Jacques-Louis Douchin le prétende dans son livre La Vie érotique de Flaubert, publié en 1984 par Jean-Jacques Pauvert. Quoi qu'il en soit, Flaubert est très proche du jeune Maupassant qui le considére comme un père spirituel. Leur correspondance témoigne de cette proximité.

Durant l'-1871, les Prussiens occupant une partie de la France dont la Normandie et Croisset, Flaubert se réfugie avec sa mère chez sa nièce, Caroline, à Rouen ; sa mère meurt le . Opposant à la Commune de Paris, il s'élève contre les lois sociales votées par celle-ci en déplorant que « le gouvernement se mêle maintenant du droit naturel ». À cette époque, il connaît des difficultés financières liées à la faillite de son neveu par alliance : il vend ses fermes et quitte par économie son appartement parisien alors que sa santé devient délicate. Il achève et publie toutefois le la troisième version de La Tentation de saint Antoine, juste après l'échec de sa pièce de théâtre Le Candidat en . Sa production littéraire continue avec les Trois contes, volume qui comporte trois nouvelles : Un c?ur simple, centré sur la figure de Félicité inspirée par Julie, nourrice puis domestique qui servit la famille Flaubert, puis Gustave seul jusqu'à la mort de ce dernier, La Légende de saint Julien l'Hospitalier, conte hagiographique des temps médiévaux écrit en cinq mois en 1875, et Hérodias autour de la figure de saint Jean Baptiste, écrit dans l'-1876. La publication du volume le est bien accueillie par la critique.

Masque mortuaire de Gustave Flaubert, 1880.
Anonyme, Paris, musée Carnavalet.
La tombe de Gustave Flaubert et de sa famille au cimetière monumental de Rouen.

De 1877 à 1880, il poursuit la rédaction de Bouvard et Pécuchet, entamée en 1872-1874 : l'?uvre satirique pour laquelle il a réuni une documentation immense reste inachevée. Elle est publiée en l'état dans l'année 1881, un an après sa mort.

Dernières années

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Ses dernières années sont assombries par la disparition de ses amis, les difficultés financières et des problèmes de santé.

Il meurt subitement le , à Canteleu, au hameau de Croisset, foudroyé par une hémorragie cérébrale. Son enterrement au cimetière monumental de Rouen se déroule le , en présence de nombreux écrivains importants qui le reconnaissent comme leur maître, qu'il s'agisse d'Émile Zola, d'Alphonse Daudet, d'Edmond de Goncourt, de Théodore de Banville ou de Guy de Maupassant, dont il a encouragé la carrière depuis 1873.

Aspect physique

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François Coppée, poète contemporain de Flaubert, lors d'une rencontre dans un salon mondain tenu par la princesse Mathilde, le décrit, en 1869, comme un « géant à teint apoplectique et à moustaches de guerrier mongol, très paré, ayant du linge magnifique et même un soupçon de jabot, qui, après avoir salué la princesse, avait replacé sur l'oreille un chapeau luisant à larges ailes et marchait en faisant craquer dans l'herbe d'étincelantes bottines vernies ».

  1. ? L'acte de naissance est daté du , mais il précise que l'enfant est né la veille (« lequel m'a déclaré, que le jour d'hier, à quatre heures du matin, est né, en son domicile précité et de son mariage contracté, en cette ville, le dix février, mil huit cent douze, un enfant du sexe masculin, qu'il m'a présenté et auquel il a donné le prénom de Gustave »). L'acte de décès confirme le 12 décembre.
  2. ? Didier Philippot, Gustave Flaubert, Presses Paris Sorbonne, (lire en ligne), p. 559.
  3. ? Tifenn Clabaut, « Achille-Cléophas Flaubert (1784-1846), Chirurgien en chef de l'Hôtel-Dieu de Rouen », sur ihmcs.fr, Institut d'histoire de la médecine, de la chirurgie et de la santé, , p. 31.
  4. ? Après leur mariage le , le couple Flaubert a 6 enfants : Achille Flaubert ( ? 1882) ; Caroline Flaubert ( ? ) ; Émile Cléophas Flaubert ( ? ) ; Jules Flaubert ( ? ) ; Gustave Flaubert ( ? ) ; Joséphine Caroline Flaubert ( ? ). Morte des suites de couches, elle laisse une fille, Caroline, dont Gustave assure l'éducation jusqu'à son mariage.
  5. ? Aujourd'hui musée Flaubert et d'histoire de la médecine. Voir Le musée Flaubert.
  6. ? Biographie et documents familiaux sur le site de l'université de Rouen.
  7. ? Yvan Leclerc, Flaubert, Le Poittevin, Maupassant : une affaire de famille littéraire, Mont-Saint-Aignan, Publication Univ Rouen Havre, , 269 p., ill. ; 24 cm (ISBN 978-2-87775-337-1, lire en ligne), p. 62.
  8. ? « Récits anciens », sur ecrivains-voyageurs.net (consulté le ).
  9. ? Jakuta Alikavazovic, Flaubert : biographie, analyse littéraire, étude détaillée des principales ?uvres, Levallois-Perret, Jeunes Éd. - Studyrama, , 228 p. (ISBN 978-2-84472-330-7, lire en ligne), p. 14.
  10. ? Jean Cambier, « Gustave Flaubert et son double ou la dialectique des hémisphères dans la création artistique », Histoire des sciences médicales, vol. XXX, n 1,‎ , p. 104.
  11. ? Joseph Vebret, Flaubert et Louise Colet : L'amour en poste restante, Paris, Écriture, , 240 p. (ISBN 978-2-3590-5341-8)
  12. ? Gustave Flaubert. Voyage en Égypte, Édition intégrale du manuscrit original établie et présentée par Pierre-Marc de Biasi, Grasset, 1991, 462 p. (ISBN 978-2-24644-011-6).
  13. ? Gustave Flaubert, Lettres inédites de Flaubert à son éditeur Michel Lévy, Calmann-Lévy, , 264 p. (ISBN 2-7021-1074-6).
  14. ? Joseph Vebret, Madame Bovary. L'?uvre de Flaubert condamnée, Paris, Librio, , 96 p. (ISBN 978-2-2900-9905-6)
  15. ? Joseph Vebret, Les Fleurs du Mal : L'?uvre de Baudelaire condamnée, Paris, Librio, , 96 p. (ISBN 978-2-2900-1495-0)
  16. ? Emmanuel Pierrat, Accusés Baudelaire, Flaubert, levez-vous ! : Napoléon III censure les lettres, Bruxelles, André Versaille, , 219 p., 22 cm (ISBN 978-2-87495-069-8, OCLC 699934006).
  17. ? Vincent Ortiz, « La responsabilité de la presse dans la répression de la Commune de Paris », sur acrimed.org, (consulté le ).
  18. ? « Le 8 mai 1880, la mort de Gustave Flaubert », sur Le Figaro, (consulté le )
  19. ? L'enterrement de Flaubert vu par Zola.
  20. ? François Coppée, Souvenirs d'un parisien, Paris, Alphonse Lemerre éditeur, , 282 p., p. 111 Les belles phrases de Gustave Flaubert
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