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Naissance | Königsberg, Prusse-Orientale, ![]() |
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Décès |
(à 79 ans) Königsberg, Prusse-Orientale, ![]() |
Sépulture |
Cathédrale de Königsberg |
Nationalité |
Prussien |
Formation |
Collège Fridericianum (à partir de ) Université de Königsberg (- |
École/tradition |
Piétisme, Lumières, précurseur de l'idéalisme allemand |
Principaux intérêts |
Logique, métaphysique, épistémologie, morale, esthétique, anthropologie, politique |
Idées remarquables |
Criticisme, Jugement synthétique a priori, Chose en soi, Impératif catégorique, Progrès |
?uvres principales |
Critique de la raison pure Critique de la raison pratique Critique de la faculté de juger La religion dans les limites de la simple raison Projet de paix perpétuelle |
Influencé par |
Platon, Descartes, Locke, Spinoza, Leibniz, Newton, Wolff, Berkeley, Hutcheson, Hume, Rousseau, Mendelssohn |
A influencé |
Fichte, Hegel, Schelling, Schopenhauer, Dilthey, Peirce, Cohen, Charma, Windelband, Natorp, Husserl, Rickert, Cassirer, Heidegger, Sartre, Arendt, Rawls, Habermas, Simone Weil, Durkheim? |
Adjectifs dérivés |
« Kantien » |
Père |
Johann Georg Kant (d) |
Mère |
Anna Regina Kant (d) |
Emmanuel Kant (en allemand : Immanuel Kant /???ma?nu?e?l kant/), né le à Königsberg en Prusse (aujourd'hui appelée Kaliningrad en Russie), et mort le dans cette même ville, est un philosophe prussien, fondateur du criticisme et de la doctrine dite « idéalisme transcendantal ».
Grand penseur de l'Aufklärung (Lumières allemandes), Kant a exercé une influence considérable sur l'idéalisme allemand, la philosophie analytique, la phénoménologie, la philosophie moderne, et la pensée critique en général. Son ?uvre, considérable et diverse dans ses intérêts, mais centrée autour des trois Critiques ? à savoir la Critique de la raison pure, la Critique de la raison pratique et la Critique de la faculté de juger ? fait ainsi l'objet d'appropriations et d'interprétations successives et divergentes.
Emmanuel Kant naît en 1724 à Königsberg en Prusse dans un milieu modeste : son père, Johann Georg Kant (né en 1683 à Memel ; mort en 1746 à Königsberg) d'origine écossaise, est sellier, et sa mère, Anna Regina (née en 1697 à Königsberg, morte en 1737 ibid.), née Reuter, s'étaient mariés le . Emmanuel qualifia sa mère de très intelligente et foncièrement piétiste. Il est le quatrième des onze enfants du couple. Il fréquente durant sept ans le Collège Fridericianum, alors dirigé par Franz Albert Schultz, pasteur piétiste qui considère la piété de l'âme comme supérieure au raisonnement.
En 1740, il entre à l'université de Königsberg afin d'étudier la théologie. Il suit les cours de Martin Knutzen, professeur de mathématiques et de philosophie ; ce professeur, lui aussi piétiste et disciple de Wolff, combat le dualisme et en revient à la pure doctrine de Leibniz, suivant laquelle la force représentative et la force motrice participent l'une de l'autre et se supposent réciproquement.
C'est là qu'il découvre Newton et la physique, preuve, selon lui, qu'une science a priori de la nature (c'est-à-dire les mathématiques et la physique) est possible. Plus tard, il créditera aussi l'astronomie de nous avoir « appris bien des choses étonnantes », dont la plus importante est qu'elle nous a « découvert l'abîme de l'ignorance, dont la raison humaine, sans [cette connaissance], n'aurait jamais pu se représenter qu'il était aussi profond ; et la réflexion sur cet abîme doit produire un grand changement dans la détermination des fins ultimes à assigner à notre usage de la raison ».
En 1746, la mort de son père l'oblige à interrompre ses études pour donner des cours : il est engagé comme précepteur par des familles aisées, tâche qu'il accomplira pendant neuf ans. Il publie également cette année-là sa première dissertation : Pensées sur la véritable évaluation des forces vives. En 1755, il obtient une promotion universitaire ainsi qu'une habilitation, grâce à une dissertation sur les principes premiers de la connaissance métaphysique. Il commence à enseigner à l'université de Königsberg avec le titre de Privatdozent (enseignant payé par ses élèves).
Kant est le premier grand philosophe moderne à donner un enseignement universitaire régulier. Ses cours et ses publications à cette période sont très diversifiés : ils portent sur les mathématiques et la physique (apprises chez Newton), la morale (d'après Shaftesbury, Hutcheson, Hume et Rousseau), mais aussi sur la pyrotechnie et la théorie des fortifications. À partir de 1760, ses cours ont pour nouveaux objets la théologie naturelle, l'anthropologie, la critique des « preuves de l'existence de Dieu », ainsi que la doctrine du beau et du sublime.
En 1766, Kant demande et obtient le poste de sous-bibliothécaire à la Bibliothèque de la Cour, fonction qu'il occupe jusqu'en . C'est la seule démarche qu'il ait jamais faite pour obtenir une faveur.
En 1770, il est nommé professeur titulaire, après avoir écrit une dissertation intitulée De la Forme des principes du monde sensible et du monde intelligible. En 1781 paraît la première édition de la Critique de la raison pure. Cet ouvrage, fruit de onze ans de travail, ne rencontre pas le succès qu'il espérait. Une seconde édition voit le jour en 1787. En 1786, il devient membre de l'Académie royale des sciences et des lettres de Berlin. En 1788 est publiée la Critique de la raison pratique et, en 1790, la Critique de la faculté de juger. Toutes ses autres ?uvres majeures (Fondements de la métaphysique des m?urs et Vers la paix perpétuelle notamment) sont écrites durant cette période.
Kant ne s'est jamais déplacé au-delà d'un rayon de soixante kilomètres autour de son lieu de naissance, et ne s'est jamais marié ; même la rumeur d'une aventure amoureuse n'a pas été confirmée. Sa vie était faite de conférences, de tâches universitaires et de séances d'écriture, qu'on rapporte comme tellement rigoureuses et régulières que ses voisins auraient réglé leurs montres sur sa promenade journalière. Le poète Heinrich Heine alla jusqu'à dire que le récit de la vie de Kant était facile à faire : il n'y avait ni vie ni récit. La tradition rapporte même que Kant ne modifia son emploi du temps immuable et la trajectoire de sa marche quotidienne que deux fois : la première en 1762, lors de sa lecture du Émile de Jean-Jacques Rousseau, la seconde en 1789, afin d'acheter la gazette après l'annonce de la Révolution française.
Cette image apparaît sujette à caution à certains universitaires, qui y voient une exagération et une fausse attribution à Kant des habitudes de ponctualité de Joseph Green, son ami à partir de 1764, célèbre pour son rigorisme au point d'avoir été en son temps le sujet d'un livre satirique d'un autre ami de Kant : L'homme d'après l'horloge de Theodor Gottlieb Hippel. Car si Kant n'a jamais quitté sa région natale, il fut très attentif aux mouvements du monde, en témoignent ses échanges intellectuels et de nombreuses publications qui traitent de sujets variés de son époque. Il recevait également très souvent de nombreux amis à dîner, et déjeunait chaque jour avec un inconnu.
Favorable à la Révolution française, Kant affirme, après Thermidor, que « les méfaits des Jacobins ne sont rien comparés à ceux des tyrans du passé ».
D'après le récit biographique de Thomas de Quincey, les capacités mentales de Kant se seraient affaiblies de manière importante vers la fin de sa vie : l'un des signes « du déclin de ses facultés fut que désormais il perdit tout sens précis du temps ». Selon Harald Weinrich, les « symptômes » décrits par Wasianski, tels que rapportés dans l'ouvrage de Quincey, notamment les pertes de mémoire de Kant, pourraient faire penser à la maladie d'Alzheimer. Il avance cependant cette hypothèse médicale avec beaucoup de précautions et sans certitude.
Désormais célèbre, bien qu'incomplètement compris par ses contemporains, Emmanuel Kant meurt en 1804 à Königsberg. Ses derniers mots furent : « Es ist gut » (« c'est bien » ou « c'est suffisant »). Son tombeau est situé à l'extérieur nord-est de la Cathédrale de Königsberg (aujourd'hui Kaliningrad).