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Emmanuel Kant
Emmanuel Kant (tableau du XVIII siècle).
Naissance

Königsberg, Prusse-Orientale,
Drapeau de la Prusse Royaume de Prusse
Décès
(à 79 ans)
Königsberg, Prusse-Orientale,
Drapeau de la Prusse Royaume de Prusse
Sépulture
Cathédrale de KönigsbergVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Prussien
Formation
Collège Fridericianum (à partir de )
Université de Königsberg (-)Voir et modifier les données sur Wikidata
École/tradition
Piétisme, Lumières, précurseur de l'idéalisme allemand
Principaux intérêts
Logique, métaphysique, épistémologie, morale, esthétique, anthropologie, politique
Idées remarquables
Criticisme, Jugement synthétique a priori, Chose en soi, Impératif catégorique, Progrès
?uvres principales
Critique de la raison pure
Critique de la raison pratique
Critique de la faculté de juger La religion dans les limites de la simple raison Projet de paix perpétuelle
Influencé par
Platon, Descartes, Locke, Spinoza, Leibniz, Newton, Wolff, Berkeley, Hutcheson, Hume, Rousseau, Mendelssohn
A influencé
Fichte, Hegel, Schelling, Schopenhauer, Dilthey, Peirce, Cohen, Charma, Windelband, Natorp, Husserl, Rickert, Cassirer, Heidegger, Sartre, Arendt, Rawls, Habermas, Simone Weil, Durkheim?
Adjectifs dérivés
« Kantien »
Père
Johann Georg Kant (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Mère
Anna Regina Kant (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
signature d'Emmanuel Kant
Signature

Emmanuel Kant (en allemand : Immanuel Kant /???ma?nu?e?l kant/), né le à Königsberg en Prusse (aujourd'hui appelée Kaliningrad en Russie), et mort le dans cette même ville, est un philosophe prussien, fondateur du criticisme et de la doctrine dite « idéalisme transcendantal ».

Grand penseur de l'Aufklärung (Lumières allemandes), Kant a exercé une influence considérable sur l'idéalisme allemand, la philosophie analytique, la phénoménologie, la philosophie moderne, et la pensée critique en général. Son ?uvre, considérable et diverse dans ses intérêts, mais centrée autour des trois Critiques ? à savoir la Critique de la raison pure, la Critique de la raison pratique et la Critique de la faculté de juger ? fait ainsi l'objet d'appropriations et d'interprétations successives et divergentes.

  1. ? Prononciation en allemand standard retranscrite selon la norme API.
  2. ? Voir les Prolégomènes à toute métaphysique future, 1 partie : « Car, de ce que j'ai moi-même donné à ma théorie le nom d'idéalisme transcendantal, je ne puis avoir autorisé personne à le confondre avec l'idéalisme empirique de Descartes [?], ou avec l'idéalisme mystique et fanatique de Berkeley. » Kant affirme aussi : « J'avoue donc bien qu'il y a hors de nous des corps, c'est-à-dire des choses qui, bien qu'elles nous soient tout à fait inconnues en elles-mêmes, nous sont connues par les représentations que nous procure leur action sur notre sensibilité, et auxquelles nous donnons le nom de corps, mot qui n'indique par conséquent que le phénomène de cet objet à nous non connu mais néanmoins réel. Peut-on bien appeler cela idéalisme ! C'en est tout juste le contraire. » (ibidem)

Biographie

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Emmanuel Kant naît en 1724 à Königsberg en Prusse dans un milieu modeste : son père, Johann Georg Kant (né en 1683 à Memel ; mort en 1746 à Königsberg) d'origine écossaise, est sellier, et sa mère, Anna Regina (née en 1697 à Königsberg, morte en 1737 ibid.), née Reuter, s'étaient mariés le . Emmanuel qualifia sa mère de très intelligente et foncièrement piétiste. Il est le quatrième des onze enfants du couple. Il fréquente durant sept ans le Collège Fridericianum, alors dirigé par Franz Albert Schultz, pasteur piétiste qui considère la piété de l'âme comme supérieure au raisonnement.

L'université Albertina de Königsberg, où Kant a enseigné.

En 1740, il entre à l'université de Königsberg afin d'étudier la théologie. Il suit les cours de Martin Knutzen, professeur de mathématiques et de philosophie ; ce professeur, lui aussi piétiste et disciple de Wolff, combat le dualisme et en revient à la pure doctrine de Leibniz, suivant laquelle la force représentative et la force motrice participent l'une de l'autre et se supposent réciproquement.

C'est là qu'il découvre Newton et la physique, preuve, selon lui, qu'une science a priori de la nature (c'est-à-dire les mathématiques et la physique) est possible. Plus tard, il créditera aussi l'astronomie de nous avoir « appris bien des choses étonnantes », dont la plus importante est qu'elle nous a « découvert l'abîme de l'ignorance, dont la raison humaine, sans [cette connaissance], n'aurait jamais pu se représenter qu'il était aussi profond ; et la réflexion sur cet abîme doit produire un grand changement dans la détermination des fins ultimes à assigner à notre usage de la raison ».

En 1746, la mort de son père l'oblige à interrompre ses études pour donner des cours : il est engagé comme précepteur par des familles aisées, tâche qu'il accomplira pendant neuf ans. Il publie également cette année-là sa première dissertation : Pensées sur la véritable évaluation des forces vives. En 1755, il obtient une promotion universitaire ainsi qu'une habilitation, grâce à une dissertation sur les principes premiers de la connaissance métaphysique. Il commence à enseigner à l'université de Königsberg avec le titre de Privatdozent (enseignant payé par ses élèves).

Kant est le premier grand philosophe moderne à donner un enseignement universitaire régulier. Ses cours et ses publications à cette période sont très diversifiés : ils portent sur les mathématiques et la physique (apprises chez Newton), la morale (d'après Shaftesbury, Hutcheson, Hume et Rousseau), mais aussi sur la pyrotechnie et la théorie des fortifications. À partir de 1760, ses cours ont pour nouveaux objets la théologie naturelle, l'anthropologie, la critique des « preuves de l'existence de Dieu », ainsi que la doctrine du beau et du sublime.

En 1766, Kant demande et obtient le poste de sous-bibliothécaire à la Bibliothèque de la Cour, fonction qu'il occupe jusqu'en . C'est la seule démarche qu'il ait jamais faite pour obtenir une faveur.

En 1770, il est nommé professeur titulaire, après avoir écrit une dissertation intitulée De la Forme des principes du monde sensible et du monde intelligible. En 1781 paraît la première édition de la Critique de la raison pure. Cet ouvrage, fruit de onze ans de travail, ne rencontre pas le succès qu'il espérait. Une seconde édition voit le jour en 1787. En 1786, il devient membre de l'Académie royale des sciences et des lettres de Berlin. En 1788 est publiée la Critique de la raison pratique et, en 1790, la Critique de la faculté de juger. Toutes ses autres ?uvres majeures (Fondements de la métaphysique des m?urs et Vers la paix perpétuelle notamment) sont écrites durant cette période.

Kant ne s'est jamais déplacé au-delà d'un rayon de soixante kilomètres autour de son lieu de naissance, et ne s'est jamais marié ; même la rumeur d'une aventure amoureuse n'a pas été confirmée. Sa vie était faite de conférences, de tâches universitaires et de séances d'écriture, qu'on rapporte comme tellement rigoureuses et régulières que ses voisins auraient réglé leurs montres sur sa promenade journalière. Le poète Heinrich Heine alla jusqu'à dire que le récit de la vie de Kant était facile à faire : il n'y avait ni vie ni récit. La tradition rapporte même que Kant ne modifia son emploi du temps immuable et la trajectoire de sa marche quotidienne que deux fois : la première en 1762, lors de sa lecture du Émile de Jean-Jacques Rousseau, la seconde en 1789, afin d'acheter la gazette après l'annonce de la Révolution française.

Cette image apparaît sujette à caution à certains universitaires, qui y voient une exagération et une fausse attribution à Kant des habitudes de ponctualité de Joseph Green, son ami à partir de 1764, célèbre pour son rigorisme au point d'avoir été en son temps le sujet d'un livre satirique d'un autre ami de Kant : L'homme d'après l'horloge de Theodor Gottlieb Hippel. Car si Kant n'a jamais quitté sa région natale, il fut très attentif aux mouvements du monde, en témoignent ses échanges intellectuels et de nombreuses publications qui traitent de sujets variés de son époque. Il recevait également très souvent de nombreux amis à dîner, et déjeunait chaque jour avec un inconnu.

Favorable à la Révolution française, Kant affirme, après Thermidor, que « les méfaits des Jacobins ne sont rien comparés à ceux des tyrans du passé ».

D'après le récit biographique de Thomas de Quincey, les capacités mentales de Kant se seraient affaiblies de manière importante vers la fin de sa vie : l'un des signes « du déclin de ses facultés fut que désormais il perdit tout sens précis du temps ». Selon Harald Weinrich, les « symptômes » décrits par Wasianski, tels que rapportés dans l'ouvrage de Quincey, notamment les pertes de mémoire de Kant, pourraient faire penser à la maladie d'Alzheimer. Il avance cependant cette hypothèse médicale avec beaucoup de précautions et sans certitude.

Désormais célèbre, bien qu'incomplètement compris par ses contemporains, Emmanuel Kant meurt en 1804 à Königsberg. Ses derniers mots furent : « Es ist gut » (« c'est bien » ou « c'est suffisant »). Son tombeau est situé à l'extérieur nord-est de la Cathédrale de Königsberg (aujourd'hui Kaliningrad).

  1. ? Voir à ce sujet les deux premières parties des Prolégomènes à toute métaphysique future qui traitent de la mathématique et de la physique pures, c'est-à-dire a priori.
  2. ? Note de la Critique de la Raison pure, « L'idéal de la raison pure », 2 section : « De l'idéal transcendantal », A575/B603.
  3. ? Voir l'édition italienne et le commentaire : Emmanuel Kant, Pensieri sulla vera valutazione delle forze vive, par Stefano Veneroni, Milan-Udine, Mimésis, 2019, vol., 1 567 p.
  4. ? « Explication nouvelle des premiers principes de la connaissance métaphysique - Wikisource », sur fr.wikisource.org (consulté le )
  5. ? philomag, « « L'homme veut la concorde, mais la nature veut la discorde » Emmanuel Kant, Idée d'une histoire universelle au point de vue cosmopolitique (1784) | Philosophie magazine », sur philomag.com, (consulté le )
  6. ? G. Fonsegrive Revue Philosophique de la France et de l'Étranger T. 39, (JANVIER A JUIN 1895), p. 224-227. P.U.F.
  7. ? « De la Forme et des Principes du monde sensible et de l'intelligible - Wikisource », sur fr.wikisource.org (consulté le )
  8. ? Susan Neiman (trad. de l'anglais), Grandir : éloge de l'âge adulte à une époque qui nous infantilise, Paris, Premier parallèle, , 293 p. (ISBN 9782850610578)
  9. ? Dominique Vallaud, Dictionnaire historique, Librairie Arthème Fayard, 1995, p. 515.
  10. ? Kühn Manfred : Kant-Biographien. Bristol : Thoemmes.
  11. ? Histoire de la vie et de la philosophie de Kant (Amand Saintes), pp 22-23.
  12. ? Chris Harman, Une histoire populaire de l'humanité, La Découverte, , p. 336
  13. ? Thomas de Quincey, Les derniers jours d'Emmanuel Kant, éditions Mille et une nuits, 1996, p. 27-33.
  14. ? Harald Weinrich, Lethe. The Art and Critique of Forgetting, Cornell University Press, , p. 76. Weinrich avance toutefois cette hypothèse avec beaucoup de précautions : « The debility was evident above all in the gradual waning and then an increasingly rapid decline of his memory which might perhaps be diagnosed, if the symptoms can still be correctly identified, as Alzheimer's disease avant la lettre. »
  15. ? Livre "Les Dix Philosophes incontournables au bac philo" par Charles Pépin, page 51
  16. ? Karl Vorländer: Immanuel Kant. Der Mann und das Werk. Hamburg: Meiner, p. II 332
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