source wikipédia
Naissance | Boulogne-Billancourt (Seine, France) |
---|---|
Nom de naissance |
Jean Patrick Modiano |
Nationalité |
française |
Formation |
Lycée Henri-IV Lycée Michel-Montaigne |
Activités |
Scénariste, parolier, dramaturge, écrivain, essayiste |
Période d'activité |
Depuis |
Langue d'écriture |
Français |
Père |
Albert Modiano (d) |
Mère |
Louisa Colpeyn |
Conjoint |
Dominique Zehrfuss (d) (depuis ) |
Enfants |
Zina Modiano Marie Modiano |
Membre de |
Comité de lecture des éditions Gallimard () |
---|---|
Taille |
1 mètre 99 |
Poids |
92 kg |
Genres artistiques |
Roman, biographie, littérature d'enfance |
Adjectifs dérivés |
« modianesque » |
Site web | |
Distinctions |
Prix Goncourt () Prix Nobel de littérature () Liste détaillée Prix Roger-Nimier () Prix littéraire Fénéon () Grand prix du roman de l'Académie française () Prix des Libraires () Prix Goncourt () Prix Prince-Pierre-de-Monaco () Commandeur des Arts et des Lettres? () Grand prix national des Lettres () Grand prix de littérature Paul-Morand () Prix Jean-Monnet de littérature européenne du département de Charente () Prix mondial Cino-Del-Duca () Prix ??du SWR () Prix de la BnF () Prix de l'État autrichien pour la littérature européenne () Prix Nobel de littérature () Officier de la Légion d'honneur? () Commandeur de la Légion d'honneur? () |
La Place de l'Étoile (), Les Boulevards de ceinture (), Rue des Boutiques obscures (), Dora Bruder (), Un pedigree () |
Patrick Modiano est un écrivain français, né le à Boulogne-Billancourt.
Il est l'auteur d'une trentaine de romans primés par de nombreux prix prestigieux parmi lesquels le grand prix du roman de l'Académie française et le prix Goncourt. Axée sur l'intériorité, la répétition et la nuance, son ?uvre romanesque se rapproche d'une forme d'autofiction par sa quête de la jeunesse perdue. Elle se centre essentiellement sur le Paris de l'Occupation et s'attache à dépeindre la vie d'individus ordinaires confrontés au tragique de l'histoire et agissant de manière aléatoire ou opaque.
Le , son ?uvre est couronnée par le prix Nobel de littérature pour « l'art de la mémoire avec lequel il a évoqué les destinées humaines les plus insaisissables et dévoilé le monde de l'Occupation », comme l'expliquent l'Académie suédoise et son secrétaire perpétuel Peter Englund, qualifiant l'auteur de « Marcel Proust de notre temps ». Son ?uvre est traduite en trente-six langues.
Jean Patrick Modiano naît dans une villa-maternité du Parc des Princes à Boulogne-Billancourt, 11, allée Marguerite ; il est le fils d'Albert Rodolphe Modiano (1912-1977), administrateur de sociétés, et de Louisa Colpijn (1918-2015), « moitié hongroise, moitié belge », comédienne flamande arrivée à Paris en , connue ultérieurement sous son nom d'actrice de cinéma belge Louisa Colpeyn.
Son père, Albert Rodolphe Modiano, orphelin à 4 ans, n'a pas connu son propre père, un aventurier toscan, Juif d'Alexandrie, né à Salonique (Grèce), d'une grande famille italo-juive de cette ville, qui s'établit en 1903 avec la nationalité espagnole, comme antiquaire à Paris, 5 rue de Châteaudun, après une première vie à Caracas. Élevé avec son frère, square Pétrelle puis square de la rue d'Hauteville, par une mère anglo-picarde, dans un certain abandon, c'est âgé de 30 ans que ce futur père rencontre dans le Paris occupé, en , Louisa Colpeyn, la future mère de l'écrivain, alors traductrice à la Continental.
?rafiquant de marché noir dans sa jeunesse, vivant dans le milieu des producteurs de cinéma originaires d'Europe centrale, Albert Modiano a été, juste avant la guerre et après quelques échecs dans la finance et le pétrole, gérant d'une boutique de bas et de parfums, sise 71 boulevard Malesherbes. Après sa démobilisation, il s'est trouvé sous le coup de la loi du 3 octobre 1940 contre les juifs mais ne s'est pas déclaré au commissariat comme il en avait l'obligation. En , soit six mois avant le décret du portant application de cette loi et organisant les déportations, il est entré dans la clandestinité à la suite d'une rafle et d'une évasion. Introduit dans ces circonstances par un ami banquier italien, ou par la maîtresse d'un de ses dirigeants, au bureau d'achat du SD (le service de renseignements de la SS) qu'il fournira par le marché noir, « Aldo Modiano » a, au moment de sa rencontre avec Louisa Colpeyn, commencé d'accumuler une fortune qui durera jusqu'en 1947. Désormais protégé des arrestations, mais pas des poursuites, il s'installe début 1943 15 quai de Conti avec sa nouvelle compagne, là où vécut l'écrivain Maurice Sachs, qui y laissa sa bibliothèque. Le couple mènera la vie de château et fréquentera la pègre jusqu'à la Libération, qui coïncide avec la naissance de leur fils aîné, Patrick.
L'enfant est confié à ses grands-parents maternels venus à Paris pour cela, renforçant chez lui le flamand comme langue maternelle. En , sa mère rentre de vacances à Biarritz sans lui, l'y laissant pour deux ans à la nourrice de son frère Rudy, né le . C'est là qu'à cinq ans, il est baptisé, en l'absence de ses parents, et inscrit dans une école catholique. Début 1952, sa mère, rejetante qui souhaite assurer ses tournées en province, installe les deux frères à Jouy-en-Josas, où ils deviennent enfants de ch?ur, chez une amie dont la maison sert à des rendez-vous interlopes. L'arrestation en de cette amie pour cambriolage le ramène pour trois ans dans un foyer désuni. Les seuls signes d'attention lui viennent des prêtres et des dames qui assurent le catéchisme.
L'atmosphère particulière de cette enfance, entre l'absence de son père ? au sujet duquel il entend des récits troubles ? et les tournées de sa mère, le rend très proche de son frère Rudy. La mort de celui-ci à la suite d'une leucémie à l'âge de dix ans, en , sonne la fin de l'enfance. L'écrivain gardera une nostalgie marquée de cette période et dédiera ses premiers ouvrages, publiés entre 1967 et 1982, à ce frère disparu en une semaine.
D' à , il est placé en pensionnat, avec d'autres adolescents de parents fortunés, à l'école du Montcel à Jouy-en-Josas, où la discipline et le fonctionnement militaires font de lui un fugueur récidiviste. De à , on l'éloigne un peu plus en le confiant aux pères du collège-lycée Saint-Joseph (Thônes), en Haute-Savoie, prison où il attrape la gale dans un linge rarement changé et éprouve avec ses camarades paysans la solidarité de la faim. De retour en d'une tournée ruineuse de vingt-deux mois à travers l'Espagne, sa mère trouve son père en ménage avec une blonde italienne en instance de divorce de vingt ans plus jeune que lui qu'il épouse un an plus tard. Ses parents vivent désormais chacun à un étage de leur duplex commun.
Soutenu depuis l'âge de quinze ans par Raymond Queneau, ami de sa mère rencontré en 1960, qui lui donne des leçons particulières de géométrie, il décroche son baccalauréat à Annecy en , avec un an d'avance. Comme son père, il a l'ambition balzacienne de faire fortune mais en devenant écrivain. Toutefois, éthéromane, il abandonne définitivement les études à la rentrée suivante, en , en désertant l'internat du lycée Henri-IV à Paris où il a été inscrit en philosophie. Sa belle-mère refuse de l'héberger chez elle, quai Conti, à quelque dix-huit cents mètres de là.
Il vient habiter, à la place de son père, chez sa mère. Là, neuf mois plus tôt, en , il a connu ses premiers ébats amoureux. Sa partenaire, amie de sa mère, était de plus de dix ans son aînée. Pour subvenir aux besoins de cette mère qui n'a pas de contrat, il mendie auprès de son père, qui organise leurs rencontres à l'insu de sa nouvelle épouse.
Ce n'est que dans le foyer d'une ancienne relation, baby sitter, et de son mari vétérinaire aux haras de Saint-Lô, qu'il peut goûter, le temps renouvelé de quelques vacances, un semblant de vie familiale. À partir de l'été 1963, toujours pour pallier l'impécuniosité de sa mère, il revend à des libraires des éditions remarquables volées chez des particuliers ou dans des bibliothèques. Trois ou quatre fois, la dédicace d'un grand auteur ajoutée de sa main augmente fortement la plus-value, falsification qui deviendra un jeu.
En , une inscription contre son gré en hypokhâgne au lycée Michel-Montaigne à Bordeaux, en forme de bannissement ourdi par sa belle-mère, se solde par une nouvelle fugue et une rupture avec son père qui durera près de deux ans. Le soir du , envoyé par sa mère chercher auprès de celui-ci un secours financier, il est emmené par la maréchaussée abusivement alertée par cette belle-mère. Son père, sans un mot pour lui, le dénonce au commissaire comme un « voyou ».
À la rentrée 1965, il s'inscrit à la Sorbonne en Faculté de Lettres pour prolonger son sursis militaire. Il n'assiste à aucun cours mais fréquente, à Saint-Germain des Prés, des adeptes du psychédélisme et du tourisme hippy à Ibiza. Il retrouve au Flore les précurseurs du mouvement Panique auxquels il soumet son premier manuscrit. C'est donc à un connaisseur qu'en 1966 Le Crapouillot commande pour son « spécial LSD » un article évoquant la génération Michel Polnareff, premier texte publié de Patrick Modiano.
Le samedi, Raymond Queneau le reçoit chez lui à Neuilly pour un déjeuner hilare que prolonge durant l'après-midi une promenade dans Paris évocatrice de Boris Vian. En , son père reprend contact avec lui mais c'est pour le persuader de devancer l'appel, ce qui se termine par un échange épistolaire acerbe. Libéré par sa majorité, Patrick Modiano ne reverra jamais son père.
Dans une interview de Jacques Chancel, il se présente comme un admirateur des styles de Paul Morand et de Louis-Ferdinand Céline.
Sa rencontre avec Raymond Queneau est cruciale. Introduit par celui-ci dans le monde littéraire, Patrick Modiano a l'occasion de participer à des cocktails donnés par les éditions Gallimard. Il y publiera son premier roman en 1967, La Place de l'Étoile, après lui en avoir fait relire le manuscrit. À partir de cette année, il se consacre exclusivement à l'écriture.
Avec Hughes de Courson, camarade d'Henri-IV, il compose un album de chansons, Fonds de tiroirs, pour lesquelles ils espèrent trouver un interprète. ?ntroduit dans le show bizz, Hughes de Courson propose l'année suivante, en 1968, la chanson Étonnez-moi, Benoît?! à Françoise Hardy. Deux ans plus tard, ce sera L'aspire-à-c?urs chantée par Régine. En mai 68, Patrick Modiano est sur les barricades mais en tant que journaliste pour Vogue.
Le , il épouse Dominique Zehrfuss, la fille de l'architecte du CNIT, Bernard Zehrfuss. Elle raconte une anecdote symptomatique de la querelle esthétique entre héros et subversifs :
« Je garde un souvenir catastrophique de la journée de notre mariage. Il pleuvait. Un vrai cauchemar. Nos témoins étaient Raymond Queneau, qui avait protégé Patrick depuis son adolescence, et André Malraux, un ami de mon père. Ils ont commencé à se disputer à propos de Dubuffet, et nous, on était là comme devant un match de tennis ! Cela dit, ça aurait été amusant d'avoir des photos, mais la seule personne qui avait un appareil avait oublié de mettre de la pellicule. Alors il ne nous reste qu'une seule photo, de dos et sous un parapluie ! »
De cette union naîtront deux filles, Zina Modiano (1974), future réalisatrice, et Marie Modiano (1978), chanteuse et écrivain.
Dès son troisième roman, Les Boulevards de ceinture, le Grand prix du roman de l'Académie française de l'année 1972 l'inscrit définitivement comme une figure de la littérature française contemporaine.
En 1973, il écrit, avec le réalisateur Louis Malle, le scénario du film Lacombe Lucien, dont le sujet est un jeune homme, désireux de rejoindre le maquis pendant l'Occupation, que le hasard, un rien, une parole de défiance à l'endroit de sa jeunesse peut-être ou une absence de parole, font basculer dans le camp de la Milice et de ceux qui ont emprisonné son père. Le scénario est publié chez Gallimard qu'il présente à l'émission Italiques. La sortie du film en déclenche une polémique au sujet de l'absence de justification du parcours du personnage, ressentie comme un déni de l'engagement, voire une remise en cause de l'héroïsme, et provoque l'exil du cinéaste.
En 1975, il écrit le scénario et les dialogues du téléfilm Un Innocent réalisé par Nadine Trintignant dans la série Madame le juge, où un rôle est donné à sa mère, Luisa Colpijn.
En 1977, Gérard Lebovici lui propose à nouveau d'écrire pour le cinéma en préparant un scénario sur un gangster moderne, Jacques Mesrine, avec Michel Audiard. Le film ne se fera pas mais il en restera une amitié durable pour ce dernier.
En , il parvient à la consécration avec son sixième roman, Rue des Boutiques obscures, en recevant le prix Goncourt « pour l'ensemble de son ?uvre ».