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Orhan Pamuk
Orhan Pamuk, lors d'une conférence en 2009.
Biographie
Naissance
Voir et modifier les données sur Wikidata (73 ans)
IstanbulVoir et modifier les données sur Wikidata
Nom de naissance
Orhan Ferit PamukVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Drapeau de la Turquie Turque
Domiciles
Istanbul, New YorkVoir et modifier les données sur Wikidata
Formation
Faculté de communications de l'université d'Istanbul (d) (jusqu'en )
Université technique d'Istanbul
Robert CollegeVoir et modifier les données sur Wikidata
Activités
Écrivain, essayiste, journaliste, scénariste, romancier, universitaireVoir et modifier les données sur Wikidata
Période d'activité
Depuis Voir et modifier les données sur Wikidata
Fratrie
?evket Pamuk (en)Voir et modifier les données sur Wikidata
Autres informations
A travaillé pour
Université ColumbiaVoir et modifier les données sur Wikidata
Membre de
Académie américaine des arts et des sciences
Académie américaine des arts et des lettres
Académie chinoise des sciences socialesVoir et modifier les données sur Wikidata
Mouvements
Littérature postmoderniste, naturalismeVoir et modifier les données sur Wikidata
Genres artistiques
Autobiographie, essaiVoir et modifier les données sur Wikidata
Influencé par
Vladimir NabokovVoir et modifier les données sur Wikidata
Site web
Distinctions
Prix Nobel de littérature ()Voir et modifier les données sur Wikidata
Liste détaillée
Independent Foreign Fiction Prize (en) ()
Orange d'or du meilleur scénario (d) ()
Prix du meilleur livre étranger - roman ou poésie ()
Prix Grinzane-Cavour ()
Prix littéraire de Dublin ()
Prix Ricarda-Huch (en) ()
Prix Médicis étranger ()
Prix de la paix des libraires allemands ()
Prix Nobel de littérature ()
Docteur honoris causa de l'université libre de Berlin ()
Docteur honoris causa de l'université complutense de Madrid ()
Prix Ovide (en) ()
Doctorat honoris causa de l'université de Rouen ()
Prix Norman Mailer (en) ()
Docteur honoris causa de l'université Yale ()
Docteur honoris causa de l'université Saint-Clément-d'Ohrid de Sofia ()
Officier de la Légion d'honneur? ()
Prix de l'amitié germano-turque (d) ()
Prix de littérature Erdal-Öz ()
Docteur honoris causa de l'université Lyon-II ()
Docteur honoris causa de l'université de Tirana
Docteur honoris causa de l'université américaine de Beyrouth
Commandeur des Arts et des Lettres?
Docteur honoris causa de l'université d'État de Saint-PétersbourgVoir et modifier les données sur Wikidata
?uvres principales
Le Château blanc, Le Livre noir, La Vie nouvelle, Mon nom est Rouge, NeigeVoir et modifier les données sur Wikidata
signature d'Orhan Pamuk
Signature

Ferit Orhan Pamuk, simplement dit Orhan Pamuk, est un écrivain turc, né le à Istanbul.

Issu d'une famille cultivée de la bourgeoisie stambouliote, Orhan Pamuk envisage d'abord des études de peinture et de journalisme, avant de se consacrer entièrement à la littérature. Son premier roman (Cevdet Bey et ses fils, 1982) s'inspire en partie de son histoire familiale et place au c?ur du récit les bouleversements de la Turquie contemporaine et les métamorphoses de sa ville natale, thèmes que l'écrivain n'aura de cesse d'explorer tout au long de son ?uvre. En 1983, Le Château blanc, premier roman de Pamuk à être traduit en anglais, marque une étape dans sa carrière d'écrivain et une évolution vers des recherches narratives et formelles proches du postmodernisme et du réalisme magique. L'ouvrage apporte une renommée internationale et une aura de prestige à son auteur, amplifiées au fil des années par de nouveaux grands succès publics et critiques : Le Livre noir (1990), Mon nom est Rouge (1998), Neige (2002), Le Musée de l'innocence (2008) ou Cette chose étrange en moi (2014). Il a aussi publié plusieurs ouvrages sur Istanbul et un livre de souvenirs, D'autres couleurs (2011).

Traduit dans plus de soixante langues, lauréat de nombreux prix littéraires internationaux, Orhan Pamuk est souvent considéré comme l'écrivain turc le plus célèbre dans le monde. Ses romans ont rencontré un succès planétaire depuis leur parution et l'on estime qu'ils se sont vendus à plus de onze millions d'exemplaires. En 2006, il obtient le prix Nobel de littérature, devenant ainsi le premier Turc à recevoir cette prestigieuse distinction. La même année, il est classé par le magazine Time dans la liste des cent personnalités les plus influentes du monde.

Biographie

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Ferit Orhan Pamuk naît à Istanbul, le , aux abords de la Corne d'Or, dans la partie occidentale de la ville. Par la suite, l'auteur ne quittera presque jamais la rive nord stambouliote. Il est élevé au sein d'un milieu aisé, cultivé et francophile mais sur le déclin, ce qu'il décrit dans ses romans Cevdet Bey et ses fils (Cevdet Bey ve O?ullar, 1982), Le Livre noir (Kara Kitap, 1990) et dans son autobiographie Istanbul, souvenirs d'une ville (?stanbul: Hat?ralar ve ?ehir, 2003). Son père est un intellectuel et un ingénieur civil, comme son oncle et son grand-père qui fut à l'origine de la fortune du clan. Le jeune Ferit grandit dans le quartier européen de Ni?anta??, dans l'immeuble familial portant le même nom.

Bachelier du Robert College, Pamuk, passionné de peinture, étudie d'abord le dessin puis, durant trois années, l'architecture à l'École polytechnique d'Istanbul. Il songe plus d'une fois à laisser tomber ses études en architecture pour devenir artiste-peintre. A la fin du chapitre du livre où il raconte ses discussions avec sa mère qui ne veut pas qu'il abandonne ses études en architecture il conclut: Je ne serai pas peintre mais je serai écrivain. Il ira suivre une formation de journaliste dans une université stambouliote. Une fois son diplôme obtenu, il s'enferme des journées entières dans l'appartement familial pour écrire. Il habite chez sa mère huit années (de 22 à 30 ans), alors qu'il rédige ses premiers textes et attend la réponse d'un éditeur. Il écrit tout d'abord des nouvelles dont l'une est publiée en 1979. Trois ans plus tard, il se marie avec Aylin Turegenen, une historienne avec laquelle il a une fille, Rüya (ce qui signifie « rêve » en turc), née en 1991. Le premier roman de Pamuk, Cevdet Bey et ses fils trouve difficilement un éditeur, mais rencontre des critiques favorables lors de sa parution en 1982 et se voit attribuer plusieurs prix littéraires en Turquie. Pendant que son épouse finit ses études à l'université Columbia, l'auteur est invité à y être boursier. Il utilise le temps qui lui est imparti pour conduire ses recherches et écrire son roman Le Livre noir (Kara Kitap, 1990) dans la bibliothèque de l'université, la Butler Library.

Il passe trois années à New York, entre 1985 et 1988. Revenu à Istanbul avec son épouse, il s'installe dans un appartement surplombant le détroit du Bosphore et se consacre plus de dix heures par jour à écrire. Le couple se sépare en 2001. En 2006, Pamuk revient aux États-Unis occuper un poste de professeur à l'Université Columbia. Pendant l'année académique 2007-2008, il y enseigne la littérature comparée avec Andreas Huyssen et David Damrosch. Puis il devient écrivain résident au Bard College.

L'auteur se décrit comme une personne de culture musulmane, engagée au service des droits de l'homme, de la liberté d'expression et du dialogue entre les peuples et qui associe la religion à une identification culturelle et historique sans avoir toutefois de connexions personnelles avec Dieu.

Orhan Pamuk à son bureau

Pamuk a effectué plusieurs autres longs séjours aux États-Unis en qualité d'auteur invité, notamment à l'Université de l'Iowa.

L'auteur est considéré comme contestataire dans son pays, notamment depuis son refus d'accepter le titre d'« artiste d'État » en 1998. Il a souvent dénoncé, dans ses ouvrages et ses articles, ce qu'il juge être les dérives actuelles de son pays (montée de l'islamisme, injustices sociales, manque de liberté d'expression) ce qui en fait l'ennemi du pouvoir politique, des conservateurs et des nationalistes. Il est le premier écrivain du monde musulman à condamner publiquement la fatwa islamique lancée contre Salman Rushdie en 1989. Il reconnaît également dans la presse en 2005 la culpabilité de la Turquie dans les massacres kurdes et le génocide arménien ce qui lui vaut des menaces de mort et une assignation à comparaître devant les tribunaux. Sous la pression internationale, les poursuites sont finalement abandonnées en 2006, année où il se voit décerner le prix Nobel de littérature.

Cette consécration est suivie par d'autres honneurs : en 2007, Pamuk est appelé à faire partie du jury du 60 Festival de Cannes présidé par Stephen Frears et l'Université Columbia l'accueille pour une année afin d'y donner des cours en littérature comparée. En 2008, Pamuk soutient Milan Kundera, soupçonné d'avoir dénoncé l'un de ses concitoyens dans l'ex-Tchécoslovaquie. En parallèle, il publie avec cinq autres lauréats du prix Nobel (Mikhail Gorbatchev, Desmond Tutu, Dario Fo, Günter Grass et Rita Levi Montalcini) une tribune pour dénoncer le sort de Roberto Saviano, dont la tête est mise à prix par la mafia et en appeler à la responsabilité de l'État italien dans sa lutte contre le crime organisé. En 2010, il s'engage, en compagnie de Grass, pour la libération de l'auteur Do?an Akhanl?. L'année suivante, il apporte son soutien à P?nar Selek, sociologue accusée d'être l'auteur d'un attentat contre l'État turc.

En 2013, il défend le mouvement protestataire turc et les manifestants de la place Taksim.

La même année, il fait partie des signataires, en compagnie de plusieurs écrivains dont quatre autres prix Nobel (Günter Grass, Elfriede Jelinek, J.M. Coetzee et Tomas Tranströmer), d'un manifeste contre la société de surveillance et l'espionnage des citoyens orchestré par les États.

En 2016, il soutient l'écrivain Murat Belge qui comparaît au tribunal pour « insulte » au président Recep Tayyip Erdo?an.

Un écrivain international

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Plusieurs de ses livres ont obtenu de prestigieuses récompenses, tant en Turquie qu'à l'international (voir plus bas la rubrique romans). L'ensemble de son ?uvre a également été distingué à de nombreuses reprises.

En 1991, Pamuk remporte le prix de la Découverte européenne avec la traduction française de son roman La Maison du silence (Sessiz Ev), dont la première publication date de 1983. En France, il obtient le prix du Meilleur livre étranger en 2002 pour Mon nom est rouge (Benim Ad?m K?rm?z?, paru en Turquie en 2000), le prix Médicis étranger en 2005 pour Neige (Kar, 2002).

Le , à la Foire du livre de Francfort-sur-le-Main, le prestigieux prix de la paix de l'Union des libraires allemands lui est attribué.

Le , il reçoit le titre de docteur honoris causa de l'université libre de Berlin. Il est alors considéré comme « un phénomène exceptionnel dans la littérature mondiale ». Pamuk doit cependant reporter son voyage en Allemagne à la suite des menaces de nationalistes turcs consécutives à l'assassinat de Hrant Dink.

Le , il est fait docteur honoris causa de l'université de Rouen.

Le , il reçoit des mains de la ministre de la Culture française d'alors, Aurélie Filippetti, les insignes de chevalier de la Légion d'honneur. En parallèle, il se voit décerner le prix Sonning, la plus haute distinction culturelle du Danemark honorant un travail en faveur de la culture européenne.

Mise en examen et menaces

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Au début 2005, Orhan Pamuk fait l'objet de menaces sérieuses contre sa vie après avoir admis l'existence du génocide arménien et la réalité du massacre des Kurdes par l'État turc lors d'une interview accordée à un journal suisse. Lors de cet entretien, il déclare que, entre 1915 et 1917, « un million d'Arméniens et trente mille Kurdes ont été tués sur ces terres, mais personne d'autre que moi n'ose le dire ». Ces déclarations provoquent de vives réactions dans l'opinion publique turque et sont jugées contraires à l'intérêt national. Le sous-préfet de Sütçüler, région d'Isparta, ordonne la destruction de tous les livres de l'écrivain. Rien ne semble avoir été détruit, faute d'ouvrages présents dans les librairies et les bibliothèques de la région. Une chaîne de télévision locale lance même un appel pour retrouver une jeune étudiante ayant déclaré avoir en sa possession un livre de Pamuk.

En octobre 2005, il est mis en examen pour « insulte délibérée à l'identité turque » par la cour d'Istanbul, selon l'article 301 du code pénal. Il maintient cependant ses propos. Il déclare « Mon but était de commencer une petite discussion sur ce tabou, parce qu'il est un obstacle pour notre entrée dans l'Union européenne. », en faisant allusion aux massacres d'Arméniens et de Kurdes. L'auteur aurait dû comparaître en justice le . Lors de l'audience préliminaire, il est frappé avec un dossier et des ?ufs sont lancés sur sa voiture. Il risque alors quatre ans de prison.

Ce procès soulève une vive contestation dans le monde, notamment de la part d'Amnesty International, des porte-paroles du Pacte international relatif aux droits civils et politiques, du PEN club et de la Convention européenne des droits de l'homme.

En décembre 2005, huit grands écrivains : Gabriel García Márquez, José Saramago, Günter Grass, Umberto Eco, John Updike, Mario Vargas Llosa, Carlos Fuentes et Juan Goytisolo, réclament l'abandon immédiat des charges contre Pamuk et condamnent l'attitude des autorités turques.

Lors d'une conférence de presse, dans laquelle il fait part du soutien massif du monde de la culture dont il bénéficie, Pamuk plaide pour la liberté d'opinion et pour le respect des droits de l'homme en Turquie. Il a également « souhaité de tout c?ur que la Turquie fasse partie de l'Union européenne ». Ce procès reporté au est symbolique d'une liberté d'expression sévèrement encadrée. Le commissaire européen à l'élargissement, Olli Rehn, avertit que « ce n'est pas Orhan Pamuk qui est jugé mais la Turquie ». Les accusations sont finalement abandonnées le .

L'annonce de l'attribution du prix Nobel à Pamuk en octobre 2006 est mal accueillie au sein de l'élite médiatique, politique et culturelle turque proche du pouvoir et des nationalistes qui invoquent une décision politique et minimisent la valeur littéraire de ses ouvrages. L'avocat d'extrême droite Kemal Kerinçsiz annonce son intention de porter plainte contre l'Académie suédoise et Pamuk est même sommé de prendre position sur le projet de loi française d'alors de reconnaissance officielle du génocide arménien. Le romancier refuse d'alimenter la polémique et se dit fier d'amener cette récompense à la Turquie.

Début février 2007, l'auteur aurait quitté la Turquie pour s'installer aux États-Unis après avoir renoncé à une importante tournée en Allemagne. À la suite de l'assassinat de Hrant Dink, il reçoit en effet de nombreuses nouvelles menaces de la part des milieux nationalistes turcs.

Le réseau Ergenekon, composé de militants nationalistes, d'officiers de l'armée et de la gendarmerie, de magistrats, de mafieux, d'universitaires et de journalistes, est accusé d'avoir projeté son assassinat.

Le parquet d'Istanbul ouvre une nouvelle enquête contre l'écrivain en novembre 2021, l'accusant d'avoir insulté l'identité turque dans son livre Veba Geceleri (Les Nuits de la peste).

  1. ? Jean-Baptiste Harang, « Pamuk enfin livré », Libération,‎ (lire en ligne, consulté le )
  2. ? Bio-bibliographie d'Orhan Pamuk par l'Académie suédoise sur le site officiel des prix Nobel, consultée le 6 novembre 2013.
  3. ? Orhan Pamuk, Istanbul, Souvenir d'une ville, Gallimard, 2007 pour la traduction française, 446 p. (ISBN 978-2-070-77627-6), p. 423-438
  4. ? Orhan Pamuk sur l'encyclopédie Larousse, consulté le 10 novembre 2013.
  5. ? Marc Semo, « Orhan Pamuk, un Nobel de littérature entre deux mondes », Libération,‎ (lire en ligne, consulté le )
  6. ? Quatre éminents prix Nobel de littérature défendent Kundera, ActuaLitté.com, 4 novembre 2008
  7. ? « Affaire Saviano: six prix Nobel soutiennent l'écrivain », Le Nouvel observateur,‎ (lire en ligne)
  8. ? « Orhan Pamuk et Günter Grass : "Fraternité avec Dogan Akhanli" », Hufftington Post,‎ (lire en ligne)
  9. ? Laure Marchand, « La justice turque s'acharne contre Pinar Selek », Le Figaro,‎ (lire en ligne)
  10. ? Ohran Pamuk, « Place Taksim, mémoire d'une ville », Le Monde,‎ (lire en ligne)
  11. ? « Refusons la société de surveillance ! », Le Monde,‎ (lire en ligne)
  12. ? « Turquie : le Nobel Orhan Pamuk au procès d'un écrivain jugé pour « injure » à Erdogan », Libération,‎ (lire en ligne, consulté le )
  13. ? Voir sur auswaertiges-amt.de.
  14. ? « Le Nobel de littérature turc Orhan Pamuk décoré de la Légion d'honneur », Le Nouvel Observateur,‎ (lire en ligne)
  15. ? Le Monde du 30 septembre 2005
  16. ? « Le procès d'Orhan Pamuk est reporté », Le Nouvel Observateur,‎ (lire en ligne)
  17. ? « Huit célèbres écrivains soutiennent Orhan Pamuk », Nouvelles d'Arménie,‎ (lire en ligne)
  18. ? Ragip Duran, « Orhan Pamuk, nobélisé mais vilipendé dans son pays », Libération,‎ (lire en ligne, consulté le )
  19. ? Courrier international, TURQUIE ? L'écrivain Orhan Pamuk contraint de fuir son pays
  20. ? Dorothée Schmid, La Turquie en 100 questions, Texto,
  21. ? « Orhan Pamuk, Prix Nobel de littérature, de nouveau dans le viseur de la justice turque », Le Monde,‎ (lire en ligne)
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