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Harold Pinter
Portrait d'Harold Pinter par Reginald Gray (Londres, 2008).
Biographie
Naissance
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Londres (Royaume-Uni)Voir et modifier les données sur Wikidata
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 78 ans)
Londres (Royaume-Uni)Voir et modifier les données sur Wikidata
Sépulture
Cimetière de Kensal GreenVoir et modifier les données sur Wikidata
Pseudonyme
David BaronVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
britanniqueVoir et modifier les données sur Wikidata
Formation
Royal Academy of Dramatic Art (-) (jusqu'en )
Central School of Speech and DramaVoir et modifier les données sur Wikidata
Activités
Dramaturge, metteur en scène, poète, romancier, écrivain, réalisateur de cinéma, scénariste, acteur, réalisateurVoir et modifier les données sur Wikidata
Période d'activité
-Voir et modifier les données sur Wikidata
Père
Jack Haim Pinter (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Mère
Frances Moskowitz (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Conjoints
Vivien Merchant (de à )
Antonia Fraser (de à )Voir et modifier les données sur Wikidata
Enfant
Daniel Brand (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Autres informations
Membre de
Académie serbe des sciences et des arts
Académie américaine des arts et des lettres
Académie américaine des arts et des sciences
Académie des arts de Berlin
Royal Society of LiteratureVoir et modifier les données sur Wikidata
Site web
Distinction
Prix de l'État autrichien pour la littérature européenne (1973)
prix Nobel de littérature (2005)
Prix Europe pour le théâtre (2006)
Archives conservées par
British Library
Harry Ransom Center (en) (MS-3267)Voir et modifier les données sur Wikidata
?uvres principales
La Chambre, L'Anniversaire, Le Monte-plats, Le GardienVoir et modifier les données sur Wikidata

Harold Pinter, né le et mort le à Londres, est un écrivain, dramaturge, scénariste et metteur en scène britannique. Il a écrit pour le théâtre, la radio, la télévision et pour le cinéma. Il a reçu le prix Nobel de littérature en 2005.

  1. ? « http://searcharchives.bl.uk/IAMS_VU2:IAMS032-002110534 » (consulté le )
  2. ? « https://norman.hrc.utexas.edu/fasearch/findingAid.cfm?eadid=00108 » (consulté le )
  3. ? (en) Harold Pinter Dies at 78 dans The New York Times du 25 décembre 2008.

Biographie

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Jeunesse

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Harold Pinter naît dans une famille juive du faubourg populaire de Hackney à Londres. Il s'y familiarise avec la langue populaire et le cockney qu'il mettra plus tard à l'honneur dans ses pièces. Son père était tailleur pour dames. Durant sa jeunesse, l'auteur a été confronté au chômage, à la misère, au racisme et à l'antisémitisme qui sévissaient au Royaume-Uni à l'aube de la Seconde Guerre mondiale. Selon ses dires, ce contexte troublé a largement nourri sa vocation future. Durant la Seconde Guerre mondiale, il quitte la capitale britannique à 9 ans et y revient trois ans plus tard. Il reconnaît plus tard que « l'expérience des bombardements ne l'a jamais lâché ».

De retour à Londres, il entre à la Hackney Downs Grammar School où il s'illustre notamment dans les rôles de Macbeth et de Roméo mis en scène par Joseph Brearly. Il intègre ensuite brièvement la Royal Academy of Dramatic Art en 1948 et publie, deux ans plus tard, ses premiers poèmes.

En 1949, il est objecteur de conscience au service militaire. Il s'acquitte d'une amende pour éviter un procès et la prison.

Carrière

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En 1951, Pinter est admis à l'École centrale des arts de la scène. La même année, il est engagé dans la troupe théâtrale ambulante irlandaise d'Anew McMaster spécialisée dans Shakespeare.

Entre 1954 et 1957, il entame une tournée en tant que comédien sous le nom David Baron. Sa première pièce, The Room (La Chambre) est interprétée en 1957 par les étudiants de l'université de Bristol. Il dit être entré en dramaturgie « par surprise », étant issu de la classe ouvrière.

The Birthday Party (L'Anniversaire, 1958) n'intéresse pas le grand public, malgré une bonne critique publiée dans le Sunday Times. Mais à la suite du grand succès rencontré par The Caretaker (Le Gardien) en 1960, huis clos à trois personnages (un clochard, un fou échappé d'un asile et son frère), la pièce est rejouée et reçoit cette fois-ci un accueil triomphal. Entre-temps, Pinter écrit plusieurs pièces radiophoniques qui obtiennent un certain succès. Les ?uvres de cette période, telles que The Homecoming (Le Retour) en 1964, sont parfois étiquetées comme mettant en scène une « comédie de la menace ». Avec une intrigue réduite au minimum, elles prennent souvent comme point de départ une situation en apparence anodine mais qui devient rapidement menaçante et absurde par le biais des acteurs dont les actions semblent inexplicables aux yeux du public et des autres personnages de la pièce. L'auteur est alors rapproché de la génération des Jeunes gens en colère, comme ses collègues John Osborne, Arnold Wesker et Edward Bond. L'?uvre de Pinter est marquée, dès le début, par l'influence du théâtre de l'absurde et de Samuel Beckett. Par la suite, les deux hommes deviennent amis.

Pinter a également publié plusieurs poèmes. On peut parler, dans sa production, d'une première phase consacrée à l'absurde (les « comédies de la menace ») et d'une seconde qualifiée de « réalisme psychologique » ou de « néo-naturalisme » dans la lignée des « drames de cuisine » de Wesker. Elles sont suivies d'une période plus lyrique avec Landscape (1967) et Silence (1968) puis d'un cycle consacré à la communication (ou la non-communication) que caractérise une parcimonie extrême des répliques avec No Man's Land (1975) et Betrayal (Trahisons, 1978). À cela, s'ajoute une cinquième phase politique avec One for the Road (1984), Mountain Language (1988) et The New World Order (1991). Cependant, cette classification simplifiée semble problématique aux yeux de la critique, chacune des époques débordant sur l'autre. Elle oublie de surcroît certains des textes les plus forts de l'auteur comme Ashes to Ashes (1996).

À partir des années 1970

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Dans les années 1970, Pinter s'intéresse de plus en plus à la mise en scène et devient directeur associé du National Theater en 1973. Ses pièces récentes tendent à être plus courtes. Elles portent aussi sur des sujets plus politiques et sont souvent des allégories de l'oppression. Plusieurs de ses pièces sont traduites et adaptées en France par Éric Kahane.

Dans la même période, Pinter commence à prendre parti sur des problèmes politiques, s'affichant distinctement à gauche. Il mène un combat continu pour porter à la connaissance du public les violations des droits de l'homme et la répression. Ses courriers sont souvent publiés dans les journaux britanniques, comme The Guardian ou The Independent.

En 1985, Pinter voyage en Turquie en compagnie du dramaturge américain Arthur Miller et rencontre de nombreuses victimes de l'oppression politique. Lors d'une réception à l'ambassade des États-Unis d'Ankara, donnée en l'honneur de Miller, Pinter, au lieu de plaisanter et de se livrer aux mondanités habituelles, raconte des histoires de personnes torturées avec du courant électrique, appliqué à leurs parties génitales. Choquant l'assistance, il est renvoyé de la réception et Miller le suit par solidarité. L'expérience de Pinter, sur la répression en Turquie et la suppression de la langue kurde, lui inspirent sa pièce de théâtre de 1988 intitulée Mountain Language.

En 1999, Pinter critique ouvertement le bombardement du Kosovo par l'OTAN. Il prend position contre l'embargo déclaré par les États-Unis contre Cuba. Il s'oppose aussi à l'invasion par les États-Unis de l'Afghanistan en 2001, ainsi qu'à l'intervention militaire en Irak deux ans plus tard. En 2005, il annonce qu'il n'écrira plus de pièces de théâtre afin de se consacrer à la politique. Il exprime par ailleurs régulièrement son soutien à la cause palestinienne.

Pinter, nommé commandeur de l'ordre de l'Empire britannique en 1996, devient un membre de l'Ordre des compagnons d'honneur en 2002, ayant précédemment refusé le titre de Knight Bachelor. Il devient le 3 auteur contemporain à entrer au répertoire de la Comédie-Française en décembre 2000 et assiste à la représentation à Paris, salle Richelieu, de sa pièce Le Retour. Pinter est sympathisant du parti politique de gauche britannique RESPECT The Unity Coalition.

En octobre 2005, il fait scandale lors de meetings et de manifestations publiques contre la guerre d'Irak en lisant des poèmes qui s'en prennent violemment à Tony Blair. Dans le même temps, l'Académie suédoise décerne à Pinter le prix Nobel de littérature au motif que :

« [dans ses ?uvres,] il découvre l'abîme sous les bavardages et se force un passage dans les pièces closes de l'oppression. »

Début décembre 2005, il enregistre sur vidéo une déclaration pour la remise du prix Nobel, ne pouvant se rendre à Stockholm car un cancer de l'?sophage à un stade avancé l'en empêche. Son discours concerne beaucoup plus la politique que la littérature. Il y déclare :

« L'invasion de l'Irak était un acte de banditisme, un acte de terrorisme d'État flagrant, la preuve d'un mépris absolu pour le droit international. [?]
Combien de personnes faut-il tuer avant de mériter d'être décrit comme un massacreur et un criminel de guerre ? Cent mille ? [?]
Nous avons amené la torture, les bombes à fragmentation, l'uranium appauvri, d'innombrables assassinats commis au hasard, la misère, la dégradation et la mort au peuple irakien, et on appelle ça apporter la liberté et la démocratie au Proche-Orient. [?] »

Il y prend position contre les États-Unis d'Amérique, qui ont « exercé une manipulation très clinique du pouvoir dans le monde entier, tout en se faisant passer pour une force prônant le bien universel. C'est un geste d'hypnotisme brillant, voire plein d'esprit, et très réussi. »

En 2006, il a reçu le X Prix Europe pour le théâtre, en Turin. A cette occasion Roger Planchon met en scène, au Teatro Gobetti de Turin, The New World Order (1991), Press Conference (2002), Precisely (1984), Mountain Language (1988), One for the Road (1984) e Party Time (1991) : six courts textes politiques d'Harold Pinter, dans la traduction française inédite de Jean Pavans. Au Teatro Carignano de Turin Pinter Plays, Poetry & Prose a été mis en scène par Alan Stanford, avec Charles Dance, Michael Gambon, Jeremy Irons, Penelope Wilton, textes de Harold Pinter, Gate Theatre de Dublin.

Il meurt le réveillon de Noël 2008, à 78 ans, à l'hôpital Hammersmith en Londres des suites de son cancer. Il est enterré dans le cimetière de Kensal Green le dernier jour de 2008.

Vie privée

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En 1977, Harold Pinter provoque un scandale public en quittant sa femme, l'actrice Vivien Merchant, avec laquelle il était marié depuis 1956, pour s'établir avec Lady Antonia Fraser qu'il épouse en 1980, après que son divorce a été prononcé.

Sa pièce Betrayal (Trahisons, 1978) a la réputation d'être une description de cette liaison. En réalité, elle se base sur la longue relation amoureuse qu'entretint l'auteur avec la présentatrice de télévision Joan Bakewell.

Pinter a aussi eu une dispute publique avec le metteur en scène Peter Hall portant sur sa description dans les Hall's Diaries, publiés en 1983, où il était dépeint comme abusant de l'alcool. Néanmoins, les deux hommes se sont réconciliés par la suite.

  1. ? Bio-bibliographie de Harold Pinter sur le site des prix Nobel.
  2. ? Brigitte Salino, « Harold Pinter », Le Monde,‎
  3. ? Le Retour : Harold Pinter à la Comédie Française sur ina.fr.
  4. ? Communiqué du secrétaire perpétuel Académie suédoise sur le site des prix Nobel.
  5. ? (it) « programma X edizione - Premio Europa per il teatro » Accès libre [PDF], sur premioeuropa.org
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