Ilium, c'est Troie. La guerre de Troie. Dan Simmons, l'auteur d'Hyprion, a choisi de transposer l'Iliade dans un avenir lointain. Les Dieux de l'Olympe sont des posthumains qui bnficient grce la technologie de pouvoirs extravagants, une quasi-immortalit, la possibilit de se dplacer dans le temps et dans l'espace, des armes prodigieuses. Ils habitent, sur Mars, le mont Olympos, le plus haut volcan connu du systme solaire. Ces posthumains qui jouent aux dieux de l'Antiquit ont comme principale distraction l'observation de la guerre de Troie, dans laquelle, comme dans l'Iliade, les Achens et les Troyens se battent et meurent d'pouvantable faon. Seul Zeus connat l'issue du conflit. Les autres posthumains se disputent incessamment et tentent de faire triompher leur camp grand renfort de tromperies et de tricheries.
Comme Hyprion nagure, cette oeuvre appelle plusieurs niveaux de lecture : c'est une aventure trpidante mais aussi, par le jeu des rfrences, une rflexion sur l'avenir d'une humanit dpasse par ses crations et par ses descendants, et sur le sens de la culture. Dan Simmons s'amuse voquer avec brio des rfrences la littrature, celle d'Homre, celle de Shakespeare et celle de Proust. Voire de bien d'autres (puisque le nom d'un personnage au moins, Ada, renvoie au chef-d'oeuvre ponyme de Vladimir Nabokov).
Il s'agit tout simplement de l'un des chefs-d'oeuvre de la science-fiction et peut-tre mme de l'un des grands romans de ce XXIe sicle dbutant. Le lecteur, impressionn, s'habitue et se passionne pour les rebondissements et les nigmes sans cesse multiplies o le seul fil conducteur stable est l'oeuvre homrique. Une intrigue foisonnante, un tumulte de hros et de conflits, la rvlation de vrits la fois complexes et incertaines, travers une multiplication de rfrences, sans que l'on sache jamais s'il s'agit de ralits ou de virtualits.
Aprs tout, c'est cela la littrature : un palimpseste !